En 2015, les Suisses se sont déplacés plus d’un milliard de fois pour effectuer des achats, relèvent les économistes de Crédit Suisse dans une étude publiée hier. Sur ce nombre, «seuls 2,3% concernaient l’étranger». Un pourcentage étonnamment bas (même s’il représente tout de même 24 millions de voyages) - si l'on songe à la polémique que cette pratique a fait naître dans le pays.
Le chiffre doit toutefois être relativisé: il ne concerne que les déplacements consacrés exclusivement aux achats et n’inclut pas les courses effectuées à l’occasion d’autres activités à l’étranger (loisirs, travail, etc). Or ces dernières totaliseraient, selon certaines sources, un volume presque similaire…
Surtout dans les régions frontalières
Selon l'étude, les «touristes d’achat» ont un revenu par ménage légèrement supérieur à celui du consommateur type. Petite pricision au passage: les ressortissants étrangers résidant dans notre pays font, en moyenne, leurs courses deux fois plus souvent hors des frontières que les Helvètes.
Sans surprise, le phénomène concerne surtout les régions frontalières, qui représentent 76%, suivi des territoires proches des frontières (15%). Les zones intérieures ne représentent que 9%. Une situation logique, non seulement d’un point de vue pratique, mais aussi économique. En partant du centre-ville de Bâle pour aller faire des emplettes en voiture juste de l’autre côté du Rhin à Weil am Rhein (D), un achat 15 fr. suffit à rentabiliser le déplacement, révèle l’étude.
Le temps c'est de l'argent
Ce montant prend toutefois l’ascenseur lorsque la distance s’allonge. Un couple de Berne ou de Fribourg doit, ainsi, dépenser plus de 500 fr. pour s'y retrouver! Si l’importance de ce montant peut surprendre, c’est parce que les économistes de Crédit suisse ont inclus la durée de déplacement dans le coût total, en se basant sur le salaire horaire brut moyen (37 fr.). En d’autres termes, une heure de trajet aller-retour pour deux personnes équivaut à 74 fr. de frais horaire.
Dans ces conditions, le tourisme d’achat n’est de loin par toujours rentable. Ainsi, un couple en voiture prévoyant d’acheter des denrées pour une somme de 200 fr. ne devait pas effectuer, à fin 2017, un trajet aller supérieur à 28 km et 35 minutes pour ses emplettes extra-frontalières restent rentables, souligne l’étude.
Evidemment, ce montant est à prendre avec des pincettes: Il sera bien inférieur si l’on ne tient pas compte du facteur temps, très onéreux. De plus, lorsque l’achat s’effectue dans le cadre d’autres activités à l’étranger, le coût du déplacement ne peut être imputé totalement aux achats effectués.
Sébastien Sautebin