Depuis 2006, les fournisseurs ont l’obligation d’indiquer la provenance de l’électricité aux consommateurs. Une de nos lectrice s’étonne de voir que son fournisseur, Viteos, ne semble pas capable de connaître l’origine de 74,8% de l’électricité fournie, puisque cette proportion est déclarée issue «d’agents énergétiques non vérifiables»!
Or, en nous rendant sur le site stromkennzeichnung.ch, créé par l’Association des entreprises électriques, on remarque que Viteos n’est de loin pas seule dans ce cas. Des dizaines d’autres entreprises suisses fournissent des chiffres proches, comme Romande Energie, dont l’offre est composée, par exemple, de 65,49% d’agents énergétiques non vérifiables. Ou la société électrique de la Vallée de Joux (SEVJ) avec 87,06%, le reste étant principalement de l’énergie renouvelable hydraulique.
«Les agents électriques non vérifiables» sont constitués de l’électricité pour laquelle nous n’avons pas acheté de garanties d’origine», explique Patrick Schuhmacher, chef d’exploitation de la SEVJ. Lorsque des clients demandent, par exemple, de l’énergie solaire, les fournisseurs achètent des garanties d’origine à Swissgrid pour la quantité voulue. Ces certificats assurent que le type d’électricité achetée, par exemple solaire, sera bel et bien produit par une société certifiée. Mais cela n’implique en rien que le client recevra bel et bien de l’énergie verte à son domicile. «Il s’agit en fait de deux marchés distincts, précise Patrick Schuhmacher: nous achetons d’une part une certaine quantité de certificats, selon la demande de nos clients, mais nous nous fournissons en électricité sur une bourse située en Allemagne».
Atome et charbon
Les agents énergétiques non vérifiables sont donc un mélange composé de l’électricité provenant de toutes les entreprises n’ayant pas demandé de certification. Dans les faits, il s’agit majoritairement d’énergie nucléaire ou issue du charbon produite en Europe.
«Une proportion élevée de sources d’énergie non vérifiable peut amener des questions, mais n’est pas interdite, précise Fabien Luethi de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN). Mais nous nous engageons pour une réduction des sources d'énergie non vérifiables. Depuis 2005, cette proportion a baissé de façon constante, la moyenne actuelle en Suisse étant de 12%. Une raison importante de cette baisse a été l’introduction, au 1er janvier 2013, de l’obligation d’enregistrement de toutes les centrales électriques d’une puissance de raccordement au réseau d'au moins 30 kVA dans le système suisse de garantie d'origine exploité par Swissgrid».
Sébastien Sautebin