Fin novembre dernier, Marie* s’apprête à prendre le train depuis Nyon et achète un billet à l’un des automates de la gare CFF, qu’elle règle avec sa carte de débit Maestro. Elle a juste le temps de passer au kiosque avant de s’engouffrer dans le train. A peine assise, elle s’aperçoit que son sac n’est pas fermé et que son porte-monnaie n’y est plus. Elle fouille son manteau puis téléphone au kiosque pour savoir si elle l’a perdu sur place, en vain. Craignant un vol, elle contacte alors sa banque pour faire bloquer ses cartes bancaires, mais il est déjà trop tard: moins de dix minutes après le départ du train, 15 000 fr. ont déjà été retirés sur ses comptes!
«Le bancomat que j’ai utilisé est situé dans un local auquel on accède par une porte vitrée. Il n’est pas impossible que quelqu’un ait observé mon code au moment où j’ai payé le billet, même de l’extérieur», explique notre lectrice. Il est aussi possible qu’une petite caméra orientée vers le clavier de saisie du code PIN ait été installée par un individu. Quoi qu’il en soit, celui-ci est ensuite parvenu à dérober son portefeuille, puis s’est précipité dans un bancomat pour retirer de l’argent. Et le dommage ne s’est pas limité aux 5 000 fr. de retrait journalier maximal habituellement associé aux cartes Maestro, car Marie en avait trois sur elle ce jour-là, pour trois comptes différents, mais chacune avec le même code.
C’est pour ma pomme
Selon notre lectrice, sa banque (UBS) a accepté de prendre en charge 80% du dommage, soit 12 000 francs, mais à bien plaire. Car comme l’indiquent les conditions générales de la carte Maestro, les risques d’utilisation abusive de la carte sont en principe supportés par le titulaire du compte, sauf si aucune faute ne lui est imputable, auquel cas c’est la banque qui couvre le dommage. C’est par exemple le cas lorsqu’une personne est agressée et contrainte de donner son code, pour autant qu’elle porte plainte. En revanche, lors d’un vol simple après observation du code PIN, comme ici, la banque peut considérer que le titulaire de la carte a commis une négligence et refuser tout remboursement.
Comment éviter le pire?
Fâchée contre les CFF qu’elle accuse de laxisme pour n’avoir pas réagi malgré plusieurs cas similaires en gare de Nyon dans les jours précédents, notre lectrice songe à se retourner contre eux pour récupérer les 3 000 fr. qui lui manquent toujours.
Pour éviter les mauvaises surprises, il est impératif de prendre systématiquement les précautions suivantes:
- Ne jamais conserver le code PIN avec la carte.
- Eviter les codes trop simples (1234…) ou qui correspondent à une information personnelle (date de naissance, début ou fin du numéro de téléphone, plaque de voiture, etc.). A plus forte raison lorsqu’on peut déduire ces chiffres du contenu du porte-monnaie. Si vous transportez plusieurs cartes, utilisez des codes différents.
- Cacher le clavier du bancomat avec l’autre main au moment de composer le code, mais aussi lors de chaque paiement dans un terminal mobile ou un automate. Les distributeurs de billet des CFF sont, par exemple, fréquemment disposés dans des endroits envahis par la foule (passages souterrains par exemple). Un individu malintentionné peut facilement se placer à proximité.
- Faire immédiatement bloquer la carte en cas de vol, ou si le distributeur ne restitue pas la carte. Dans ce dernier cas, il peut s’agir d’une tentative de skimming (copie de la bande magnétique de la carte). Il peut être utile de conserver hors de son porte-monnaie le numéro de téléphone à composer pour procéder au blocage.
*Identité connue de la rédaction
Vincent Cherpillod