Il y a quelques jours, le magazine alémanique K-Tipp soulignait que les œufs Kinder Surprise coûtent 1.40 fr. à la Migros, mais qu’une version «Girl» est vendue 10 centimes plus cher. Il s’agit du même chocolat, en quantité identique (20 g.) sauf qu’une partie de l’emballage est teinté en rose et qu’un œuf sur sept contient une surprise destinée spécialement aux filles (!). A la demande de K-Tipp, Migros a promis de supprimer ce surcoût. Le géant orange a justifié sa politique par le fait que la variante rose avait été produite en plus petite quantité.
Bon à Savoir avait déjà relevé, en 2015, l’existence de discrimination de prix basées sur le genre. Ainsi, des rasoirs jetables, des eaux de parfums, des gels de rasage ou encore des cartes de crédits coûtaient plus cher dans leur version féminine. Les produits sont similaires, mais leur présentation (nom, couleur, packaging, etc) les destine aux femmes. Un exemple? Le rasoir jetable Gillette Blue 3 à trois lames coûtait 1.60 fr. pour les hommes contre 2.23 fr. (+39%) pour le très féminin Gillette Simply Venus 3, presque identique. Seul le manche était plus épais en rose.
Disparités dans les deux sens
Le phénomène a un nom : «taxe rose» ou «woman tax». Il a fait l’objet de débats parfois vifs ces dernières années dans plusieurs pays, dont les USA, la Belgique, le Danemark, le Canada, l'Angleterre, la France, etc.
La pression a obligé certains gouvernements à se pencher sur la question. Mais en France comme en Suisse, ces derniers ont contesté l’existence d’une «taxe rose» ou «woman tax».
Ainsi, chez nos voisins, une étude gouvernementale a porté, en 2015, sur la comparaison de trois familles de produits (rasoirs, déodorants et crèmes hydratantes), et sur trois genres de services (déménagement, dépannage automobile et serrurerie). Le rapport a conclu que «le phénomène global de "woman tax" n’est pas avéré, les disparités entre sexes pouvant être défavorables aux hommes ou aux femmes selon les produits».
En Suisse, «l’affichage suffit»
Dans notre pays, dans sa réponse à un postulat de Jean-Christophe Schwaab (PS/VD) demandant une analyse du phénomène, le Conseil fédéral a estimé «qu’il est possible que des différences de prix selon le sexe existent aussi en Suisse (…)» mais que «le respect des pratiques commerciales loyales, notamment l’affichage clair des prix, suffit».
Le postulat a été liquidé, les discriminations de prix ont encore de beaux jours devant elles.
Sébastien Sautebin