Autorisé depuis deux ans, le Stivarga est destiné aux patients souffrant d’un cancer colorectal qui progresse et qui ont déjà reçu une chimiothérapie. Dans la pratique toutefois, les experts du mensuel allemand de pharmacologie et de médecine Arzneimittelbrief mettent en garde contre les faibles améliorations qu'il apporte.
Des études ont en effet démontré qu’il ne prolonge la vie des patients que de quelques semaines seulement. Mais il provoque également de lourds effets secondaires dont les plus importants sont l’épuisement dans 61% des cas, le syndrome pied-main (50%) ou encore la perte de l’appétit (44%). Les effets indésirables les plus sévères constatés sont de graves lésions hépatiques, des hémorragies et des perforations gastro-intestinales. Certains malades sont même décédés des suites de ces effets.
Une information jugée lacunaire
Or, un traitement avec le Stivarga coûte près de 67 000 fr. par an. Pour Thomas Cerny, cancérologue et médecin chef de l’hôpital de St-Gall, le prix élevé des nouveaux médicaments mis sur le marché est un réel problème. C’est pourquoi il ne prescrit celui-ci qu’à des patients triés sur le volet qui se portent bien. De plus, le spécialiste utilise un dosage significativement plus faible que celui recommandé par les fabricants. «Ainsi le remède est généralement bien supporté par les patients», précise-t-il.
Les experts de Arzneimittelbrief recommandent aux médecins d’informer clairement leurs patients sur la toxicité du Stivarga ainsi que sur le peu de bénéfices qu’il apporte. Ils ont même exigé de son fabricant, Bayer, qu’il mette au point un moyen d’identifier les malades sur lesquels le remède a un effet cliniquement pertinent.
De son côté, Bayer répond que les études réalisées montrent que Stivarga peut prolonger la vie des personnes atteintes d’un cancer du colon avec métastases dans les mêmes proportions que les traitements plus anciens. En outre, les autorités l’ont jugé efficace et économique sur la base des études disponibles.
Sonja Marti/cg