Pour les bovins, le bonheur est dans le pré! Mais du point de vue environnemental, c’est un autre problème, révèle Agroscope, le centre de compétences de la Confédération pour la recherche agricole.
Dans une étude récente, ce dernier parvient à la conclusion que les boeufs élevés en pâturage pour leur viande ont, la plupart du temps, un impact environnemental plus lourd que les autres, élevés selon les directives des prestations écologiques PER ou du label TerraSuisse d'IP-Suisse. En caricaturant un brin, une vache broutant paisiblement en plein air pollue donc plus qu’une autre, ce qui n’est pas sans placer le consommateur carnivore devant un certain dilemme...
Herbages ou concentrés
C’est dans le fourrage qu’il convient de chercher les explications. En Suisse, un tiers environ de la ration des bovins élevés pour leur viande est composé de concentrés de maïs grains ou de céréales. Par contre, les bêtes placées au pâturage pendant l’été se nourrissent principalement d’herbe. Et cela n’est pas sans conséquence.
Il leur faut, en effet, 20 mois pour atteindre leur poids d’abattage, alors que le délai n’est que de 15 mois pour les vaches dont l’alimentation repose en partie sur des concentrés. De ce fait, explique Agroscope, les animaux en pâturage consomment davantage de fourrage (…) ce qui conduit à une augmentation de la déperdition de nutriments. Leur consommation étant plus élevée, ils émettent également davantage de méthane». Or ce dernier est un puissant gaz à effet de serre, qui contribue au réchauffement climatique. Dans notre pays, la digestion des bovins est ainsi à l’origine de 80% des émissions de méthane en agriculture.
Selon Agroscope, l’impact environnemental quotidien d’une vache en pâturage est en fait moins élevé, mais comme elles vivent plus longtemps, le bilan total par kilo de viande représente bien une charge suplémentaire.
En cela, l’étude confirme d’autres recherches internationales selon lesquelles les systèmes d’engraissement bovins extensifs ont plus d’impact environnemental que ceux basés sur les concentrés.
Mais attention, ce qui est valable pour la viande ne l’est pas pour le lait. Les comparaisons ne montrent aucun avantage écologique net pour la production laitière basée sur les concentrés par rapport à celle reposant sur les herbages.
Sébastien Sautebin