La liste des substances nocives, que l'on aimerait ne plus trouver dans les produits de consommation, est longue. On pense aux parabènes, à la méthylisothiazolinone (lire «Parabènes remplacés par pire», BàS 03/2014) et autre bisphénol A. On en oublierait presque le triclosan, qui est utilisé depuis plus de trente ans par l'industrie cosmétique pour ses propriétés antibactériennes, antifongiques et antivirales entre autres.
Suspicions à la pelle
Ce biocide cumule pourtant les chefs d'accusation. Il est suspecté d'agir comme un perturbateur endocrinien, de favoriser la résistance aux antibiotiques et d'altérer les capacités musculaires. La multiplication des études alarmantes sur le sujet a poussé la Commission européenne à réagir. Aussi, le triclosan sera interdit dans tous les produits de rasage (mousses, etc.) à partir du 30 octobre prochain. Les anciens articles pourront néanmoins rester en vente jusqu'au 30 juillet 2015.
Comme le soulignent nos confrères français du magazine Que Choisir, les nouvelles dispositions restent néanmoins tolérantes à l'égard du biocide. Car l'interdiction touche uniquement les produits de rasage, alors que d'autres cosmétiques en contiennent: dentifrices, savons, déodorants, fonds de teint, etc. Aux Etats-Unis, l'Etat du Minnesota a estimé que les preuves scientifiques étaient suffisantes pour bannir complètement le triclosan dès le 1er janvier 2017.
Toujours est-il que la décision européenne est un premier pas dans la bonne direction. Car, en Suisse, les autorités sanitaires restent pour l'heure contemplatives: «Nous suivons de très près les discussions de l'Union européenne et analysons cette décision. Car nous sommes soucieux de maintenir le niveau élevé de protection sanitaire du consommateur que nous connaissons en Suisse», commente Nathalie Rochat, porte-parole de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires.
Yves-Noël Grin