Pour lutter contre le reflux gastro-œsophagien (remontées acides de l’estomac vers l’œsophage), les médecins prescrivent généralement à leurs patients des médicaments inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), apparus sur le marché à la fin des années 80. Des pilules qu’une lectrice d’Arconciel (FR) connaît bien, puisqu’elle en a pris régulièrement pour lutter contre la toux persistante qui accompagne souvent les remontées acides.
«A la longue, je n’ai plus supporté les IPP, et pourtant, je les ai tous essayés, témoigne-t-elle. Au mois de décembre 2015, mon médecin m’a alors conseillé de prendre du bicarbonate et des comprimés de Carbonalgue, une alternative qui a donné de très bons résultats». Elle parvient dès lors à se passer des IPP. En revanche, le changement de traitement n’est pas du goût de Visana, sa caisse maladie, qui refuse de prendre en charge la thérapie de remplacement, pour une raison très simple: au contraire des IPP, le carbonalgue ne figure pas sur la liste qui recense tous les médicaments remboursés par l’assurance maladie de base.
Complémentaire inutile
«Selon la loi, aucune prestation ne peut être allouée au titre de l’assurance obligatoire des soins lorsqu’il ne s’agit pas d’un médicament figurant sur la liste des spécialités (LS)», se défend l’assureur, qui ajoute ne disposer d’aucune marge de manœuvre en la matière. Une lettre signée de la main du médecin, qui confirme le bienfondé du nouveau traitement, n’y changera rien. Plus étonnant, le fait que notre abonnée possède une complémentaire «médecine alternative» n’a servi à rien non plus: Visana persiste à refuser toute prise en charge. «Carbonalgue n’est pas un médicament, mais un complément alimentaire, se justifie la caisse maladie. Or, les conditions générales de notre produit «Médecine complémentaire» indiquent que ceux-ci ne sont jamais remboursés».
Elle coûte moins cher à sa caisse maladie
Dans le cas présent, la situation est d’autant plus frustrante pour notre lectrice que le coût du carbonalgue est nettement moindre que celui des médicaments inhibiteurs de la pompe à protons qu’elle prenait auparavant. Ainsi, le traitement avec un IPP coûte entre 40 et 50 fr. les quatre semaines. Tandis qu’une boîte de carbolalgue pour un mois dépasse à peine 10 fr. Autrement dit, elle coûte près de cinq fois moins cher à sa caisse maladie que par le passé!
Pour justifier les refus de remboursement, les assureurs avancent souvent l’argument du poids qui serait injustement reporté sur les autres assurés en cas d’exceptions accordées à certains d’entre eux. Ici, cet argument ne tient pas.
Vincent Cherpillod