Le duvet d’oie ou de canard a la cote pour remplir les doudounes ultra-légères qu’on retrouve dans la plupart des commerces aujourd’hui. Il possède en effet un pouvoir isolant important. En théorie, le duvet est prélevé sur des animaux abattus pour leur viande. Or, dans la pratique, les choses sont tout autres. Certains éleveurs n’hésitent pas à plumer des oiseaux encore vivants! Et à leur arracher des morceaux entiers de peau avant de les recoudre à vif. Ces volatils peuvent subir ce traitement jusqu’à quatre fois par an.
Les grands fabricants de textile outdoor comme The North Face et Patagonia ont juré que ces pratiques n’avaient pas court dans la fabrication de leurs produits. Depuis, cet automne, la norme Patagonia«Traceable Down» garantit même que le duvet «provient d'oiseaux qui n'ont été ni plumés à vif, ni gavés».
Il n’empêche, la pratique perdure. Les images de fermes d’oie en Hongrie, en Pologne et en Chine, diffusées par des organisations de défense des animaux en témoignent. Pour savoir si les doudounes vendues en Suisse contiennent du duvet d’oie ou de canard plumés vivants, nous avons demandé à une douzaine de fabricants d’où il provenait. Concrètement, nous avons voulu savoir dans quel élevage les animaux ont vécu, où et quand ils ont été abattus et à qui leur duvet a été vendu?
Certificats boiteux
Les réponses laissent perplexe: aucune des firmes interrogées n’a pu ou n’a voulu nous fournir toutes les informations que nous lui avons demandées. Ralph Lauren, Tommy Hilfiger et The North Face n’ont même pas réagi. Plusieurs autres commerces ou fabricants nous ont certes transmis des certificats garantissant que les oiseaux n’ont pas été plumés vivants. Mais, dans les faits, aucun contrôle n’est jamais effectué!
Mammut est la seule à connaître le nom de l’abattoir où les oies ont été tuées ainsi que celui du fournisseur. La firme suisse a cependant précisé qu’en ce qui concerne la collection actuelle, il est impossible de connaître le nom de l’élevage où ont vécu les animaux. La société va y remédier dès l’hiver prochain, nous a-t-elle encore précisé.
Dans le doute, mieux vaut donc choisir des matériaux synthétiques. Ils tiennent chaud et ne coûtent pas plus cher que le duvet naturel.
Darko Cetojevic / cg