La viande: oui ou non? Et les légumes cuits? Et les sacs en plastique? La liste des déchets organiques qui peuvent être déposés dans les containers prévus à cet effet varie beaucoup selon sa commune de domicile, comme le montre notre enquête dans les chefs-lieux de Suisse romande (voir tableau).
Delémont fait la difficile
Ce sont les habitants de Genève et de Sion qui peuvent se débarrasser le plus facilement de leurs déchets organiques, puisqu’ils sont tous acceptés, à l’exception de la litière pour animaux. A Neuchâtel, on accepte aussi les restes de repas cuits, mais à condition qu’ils ne contiennent pas de viande ou de poisson. C’est aussi la seule commune de notre échantillon qui refuse les sachets de thé. A Fribourg et Lausanne, ça se complique: pas question d’évacuer les restes cuits dans les containers réservés aux déchets verts. Enfin, la palme de la récupération la plus sélective est remportée par Delémont, seul chef-lieu à refuser le pain – qui peut, certes, être mieux valorisé autrement – et les sacs en plastique reconnus comme biodégradable par la norme européenne EN 13432.
La manière de déposer ses ordures vertes varie, elle aussi, beaucoup. A Genève, il est ainsi interdit de les jeter en vrac dans les containers, alors que c’est obligatoire à Lausanne! La capitale vaudoise accepte toutefois, depuis 2014, les sacs en plastique biodégradables dans le compost. Mais uniquement vidés de leurs déchets, «afin de faciliter le contrôle de la qualité et de sensibiliser les usagers qui seraient tentés d'y mêler discrètement des déchets non conformes», précise Christophe Leroy, chef de section au service d’assainissement de la ville de Lausanne.
Pourquoi pas tout dans le même sac?
Ces limitations posent problème aux habitants qui ne vident qu’une fois par semaine leur poubelle traditionnelle, car ils sont contraints d’y jeter les restes de leurs repas. Or, conservés plusieurs jours à température ambiante, ils sont rapidement source d’odeurs pestilentielles... «Puisque certaines communes parviennent bel et bien à recycler tous les types de déchets organiques, pourquoi d’autres se montrent-elles moins arrangeantes?», se demande un lecteur lausannois.
«Les produits acceptés dépendent de la filière de valorisation utilisée par la commune, explique Christophe Leroy. S’il s’agit d’un compostage en andain, la liste se limite aux déchets végétaux crus. Par contre, si la filière est une installation de traitement par méthanisation, les éléments cuits et notamment les restes de repas s’ajoutent à la liste». Et nos relevés confirment cette explication: les déchets organiques ménagers des Genevois et des Sédunois sont effectivement traités par méthanisation et transformés en biogaz. Le digestat – résidu de l’opération – peut ensuite être composté, moyennant une étape supplémentaire. Neuchâtel procède de la même manière mais refuse les produits carnés, essentiellement pour des raisons d’hygiène.
Delémont, Fribourg et Lausanne, en revanche, ont opté pour le compostage en andain: la masse est déposée en tas, soit sous un couvert, soit au bord de certains champs, puis retournée régulièrement. Dans ce cas de figure, les restes cuits et les déchets carnés, qui se dégradent mal, amoindrissent la qualité du compost et attirent de nombreux nuisibles (corneilles, rats, renards…). C’est pourquoi ils ne sont pas collectés.
Restes cuits bientôt acceptés partout
Reste à savoir pourquoi toutes les communes – du moins les plus grandes – n’ont pas opté pour la méthanisation? «Nous n'avons pas d'usine à une distance raisonnable (économique et écologique) qui peut assurer nos quantités», explique Kurt Krattinger, chef de la voirie de Fribourg. Son homologue delémontain indique, lui, que le volume des déchets des communes environnantes est encore trop faible pour qu’une installation de ce type soit rentable. Mais deux projets sont à l'étude. A Lausanne enfin, l'objectif est également de parvenir, à moyen terme, à un traitement par méthanisation.
Vincent Cherpillod