Il n’est pas toujours possible d’obtenir un médicament dans une pharmacie, même lorsqu’il est disponible sans ordonnance. Convaincue par l’efficacité des gouttes contre la toux irritative Makatussin depuis des années, une lectrice d’Emmenbrücke (LU) s’est vu refuser la préparation par une officine pour la première fois cet hiver. Ironie du sort, la même mésaventure est arrivée le mois dernier à un journaliste de Bon à Savoir, à Lausanne cette fois: aucune pharmacie n’a accepté de lui délivrer du sirop contre la toux sèche Benylin, lui aussi pourtant disponible sans ordonnance.
Selon l’association faîtière PharmaSuisse, les officines ont le droit d’en exiger une même pour les médicaments dont la catégorie de remise est C ou D, c’est à dire ceux qui sont en vente libre. «Il est de la responsabilité du pharmacien de s’assurer que la remise du médicament est recommandable», explique sa porte-parole Stéphanie Balliana. Un avis partagé par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
«Pour protéger les patients»
Dans le cas du Makatussin, c'est la présence de codéïne qui pose problème. Cet alcaloïde contenu dans le pavot, utilisé comme analgésique et comme antitussif, est addictif et peut provoquer un état comparable à l’ivresse. Les pharmacies sont donc devenues prudentes et ne le vendent plus que sur ordonnance, «pour protéger les patients» et éviter que ces médicaments ne soient utilisés pour leurs effets psychotropes. L’agence européenne des médicaments les contre-indique d'ailleurs chez l’enfant de moins de 12 ans. Toutefois, la codéine figure toujours dans la liste des «médicaments essentiels» de l’Organisation mondiale de la santé.
L’argument de la prévention ne convainc pas notre lectrice, qui, dit-elle, n’est «plus une adolescente et n’a pas l’intention de se shooter avec des gouttes contre la toux». Et n’a pas envie, bien entendu, de payer une consultation chez le médecin (ou une consultation téléphonique) pour obtenir une ordonnance.
Les alternatives coûtent davantage
Même si ce n’est pas le cas du Makatussin, de nombreux médicaments contenant de la codéine sont inclus dans la Liste des spécialités, c’est à dire remboursés par l’assurance maladie de base lorsqu’ils sont prescrits par un médecin. Conséquence positive de cette inclusion, leur prix est régulé par l’OFSP. Autrement dit, ils sont moins chers que les autres. C’est notamment le cas des gouttes Resyl plus et du sirop Benylin, tous deux disponibles sans ordonnance.
Les médicaments contre la toux sèche qui contiennent une autre substance active sont, eux, plus rarement inscrits sur la Liste des spécialités. Leur prix étant libre, ils sont donc plus chers… Ainsi, l’une des pharmacies lausannoise ayant refusé de nous délivrer des gouttes Resyl plus, qui coûtent 6.80 fr, et du sirop Benylin (10.65 fr.) nous a proposé, à la place, un autre sirop contre la toux facturé 17 fr., puis des gouttes à 13.50 fr., soit près du double du prix des Resyl.
Vincent Cherpillod / tj