Une crise d'asthme est un expérience pénible à vivre pour un adulte et pire encore pour un enfant en bas âge. Elle est pourtant plus fréquente qu'on peut l'imaginer, notamment en cas de terrain allergique (pollen, poils d'animaux, acariens, etc.). Tel a été le cas de Luca*, deux ans et demi, à qui le médecin a prescrit un traitement à base de salbutamol (Ventolin®), un bronchodilateur qui, comme son nom l'indique, dilate les voies respiratoires et permet donc un meilleur passage de l'air dans les poumons.
Problème: à cet âge, l'enfant ne peut pas utiliser comme un adulte le spray buccal prévu à cet effet. Il a donc besoin d'une chambre d'inhalation, un ingénieux système où le spray est fixé à l'extrémité opposée d'un masque qu'on colle sur le visage, le médicament étant alors ingurgité par respiration (voir photo).
Remboursement partiel
Deuxième problème: si le médicament est remboursé par l'assurance maladie, l'indispensable chambre d'inhalation ne l'est que partiellement. C'est du moins ce qu'a découvert notre lecteur, la papa de Luca, qui a dû déboursé 26.05 fr. à la pharmacie, sur un montant total de 64.15 fr. Est-ce normal?
Oui, si l'on s'en réfère à la LiMA, la liste des moyens et appareils remboursés par l'assurance maladie obligatoire, établie par la Confédération. Cette liste se répartit en groupes de produits selon leur fonction, mais ne donne que des indications générales sur les produits, sans citer de marque. Ainsi, les chambres d'expansion pour aérosol-doseurs et leur masque sont remboursés à raison d'une unité par an jusqu'à concurrence de 38.10 fr. Faites la soustraction et vous tombez pile poil sur la différence de 26.05 fr. payée par notre lecteur.
Sur demande seulement
Mais comment se fait-il que l'on prétérite ainsi les soins donnés à un enfant en bas âge? Autrement dit: pourquoi la totalité de la somme n'est-elle pas remboursée, d'autant qu'il n'existe pas d'alternative meilleur marché? Parce que cette position a été définie en 1998 et qu'aucune demande n'a jamais été faite pour qu'elle soit modifiée depuis, nous répond l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). Or, c'est bien sur demande, généralement des fabricants et de centres de remises comme les pharmacies, et seulement ainsi, que des adaptations sont étudiées.
Nous avons donc envoyé un courriel jeudi dernier à Trudell Medical International, le fabricant canadien de l'AeroChamber Flow-Vu achetée par notre lecteur, pour lui demander s'il avait l'intention d'adresser une telle demande. Pas de réponse à ce jour.
En revanche, l'OFSP nous apprend que n'importe qui peut en déposer une telle demande, même notre lecteur, en s'adressant au secrétariat de la Commission fédérale des analyses, moyens et appareils (CFAMA). Après investigation, une recommandation sera émise à l'intention de la Confédération, qui prendra une décision définitive. Mais il faut compter entre 9 et 12 mois pour le processus d'évaluation, puis entre quelques semaines et plusieurs mois avant que le nouveau tarif entre en vigueur...
Révision générale en cours
Une révision générale est toutefois en cours, cette fois sans demande spécifique. Elle a commencé fin 2015 et l'ensemble de la structure de la LiMA, tout comme les montants maximums remboursables vont être révisés étape par étape jusqu'à la fin de 2019
Christian Chevrolet
*Prénom d'emprunt