Le BD Bacatá, plus haut gratte-ciel de Colombie, a été financé par plus de 3800 petits investisseurs qui ont apporté 170 millions de dollars, soit environ 4500 $ par tête de pipe. «C’est le tout premier gratte-ciel qui voit le jour grâce au financement participatif (crowdfunding), mais l’un des nombreux projets immobiliers financés de cette manière à travers le monde», indique le Crédit suisse dans son étude Marché immobilier 2016.
La banque estime que le financement participatif dans la pierre est en plein essor au niveau planétaire. Si les USA en sont le leader mondial, avec environ 150 plates-formes, le phénomène se développe aussi en Afrique, en Asie et en Europe, notamment en Grande-Bretagne, où sont basés une quinzaine de sites. Il commence aussi à toucher la Suisse avec la plateforme swiss-crowd.ch.
Fondamentalement, il se divise en deux catégories: crowdlending et crowdinvesting. La première consiste à avancer de l’argent qui est ensuite remboursé avec des intérêts lorsque le bien immobilier est vendu. Alors que dans le crowdinvesting, il s’agit d’acquérir et conserver un objet de rendement. La contrepartie consiste en recettes de loyers ou dividendes réguliers.
En Suisse, deux biens seulement ont été financés jusqu’à présent par le biais du financement participatif, note Crédit Suisse. L’un des deux est un immeuble de quatre appartements à Lugano. L’offre était limitée à 20 investisseurs qui devaient apporter chacun 90 000 fr., avec la promesse de recevoir en retour 117 000 fr. dans les 20 mois, ce qui représente un rendement global de 30%.
Pas sans risques
Ce genre de crowfunding permet aux petits investisseurs de réaliser un vieux rêve: effectuer des placements immobiliers directs. Une opportunité qui était jusqu’alors impossible en raison des sommes importantes requises traditionnellement pour les investissements immobiliers. Crédit suisse nuance cependant: «Si le crowdlending permet, dans certains cas, d’investir à partir de quelques centaines de francs, le montant minimum est d’ordinairement plus élevé pour le crowdinvesting (25 000 fr. par exemple en Suisse)».
Et la banque de mettre en garde: des rendements élevés sont parfois promis, mais ils incluent aussi un risque élevé. Et «les (petits) investisseurs sont confrontés à un problème: profanes, ils ne sont pas en mesure d’évaluer eux-mêmes avec précision les composantes compliquées d’un projet, dont le succès ne dépend pas uniquement de la situation actuelle du marché». La plus grande prudence s’impose donc.
Sébastien Sautebin