Lorsqu’on achète du lait, du beurre, des œufs, des yogourts ou de la salade préemballée dans un supermarché, on trouve généralement deux dates sur l’emballage: «à vendre jusqu’au…» et «à consommer jusqu’au…». L'indication permet à celui qui achète un produit le dernier jour de sa mise en vente de savoir qu’il peut le conserver chez lui pendant quelques jours encore avant de le consommer.
Deux dates? Trop complexe pour le consommateur!
Ce système de double datation devrait pourtant être aboli: c’est du moins l’avis de l’Office fédéral pour la sécurité alimentaire, qui considère qu’elle prête à confusion et incite au gaspillage alimentaire. Un avis partagé par la Fondation pour la protection des consommateurs (SKS), le pendant alémanique de la Fédération romande des consommateurs (FRC): «Lorsque la date de vente est dépassée, beaucoup ont le sentiment que le produit est gâté et l’éliminent», estime ainsi Sara Stalder, directrice de la SKS. Etonnant: les consommateurs seraient donc, selon leur raisonnement, dépassés par la complexité de la double date «à vendre jusqu’au» et «à consommer jusqu’au», et incapables de les différencier l’une de l’autre?
Le gaspillage pourrait augmenter
Plus problématique encore: la mesure pourrait bien avoir l’effet inverse de celui escompté et conduire, en définitive, à une augmentation du gaspillage. En effet, un achat à la date limite de vente laisse, aujourd’hui, quelques jours de marge pour consommer les produits avant leur date de péremption. Bien entendu, ce laps de temps disparaît si l’on fait coïncider les deux dates... Ainsi, un client distrait ou trop optimiste qui achète une boite de 12 œufs au dernier jour de leur mise en rayon n’aura plus la moindre marge pour les manger avant leur date de péremption. De quoi mener davantage d’aliments directement à la poubelle. Même si, soit dit en passant, certains types de produits – les yogourts, par exemple – peuvent souvent être conservés plus longtemps sans danger.
Du côté des magasins, en revanche, l’avantage est indéniable, car ils pourront conserver en rayon plus longtemps leurs produits, sans être contraints de brader ceux qui s’approchent de la date limite de vente. «Indiquer uniquement la date de péremption est, en effet, un avantage pour les détaillants», confirme Migros, qui a toutefois décidé de continuer à ajouter une date limite de vente sur ses produits (voir photo ci-dessus). En revanche, Coop a annoncé que, d’ici la fin de l’année, 90% des produits ne comporteront plus que la seule date limite de consommation.
Markus Fässler/Vincent Cherpillod