A en croire la publicité du nouveau dentifrice BioRepair, ce produit, exempt de fluor, tiendrait du miracle. Il serait en effet capable de réparer l’émail dentaire, de former une couche de protection pour prévenir les caries et rendrait les dents moins sensibles.
Fluor indispensable
Les dentistes restent sceptiques face à cette nouvelle pâte dernière génération. Adrian Lussi, directeur de la médecine dentaire à l'Université de Berne, déclare à ce propos: «Il n'existe aucune preuve que ce produit soit capable de réparer les dents». Et même si des études ont montré qu’il pouvait constituer une protection, on ne sait pas combien de temps elle dure.
De plus, le spécialiste rappelle qu’il faut opter pour un dentifrice avec du fluor puisque, depuis des décennies, il est prouvé que cette substance protège les dents contre les caries. Aujourd’hui en Suisse, neuf pâtes sur dix en contiennent. Le dosage devrait ainsi être de 1000 ppm (1 ppm = 1 part par million, soit 1 mg par kilo) au moins pour les adultes. Et pour les enfants de moins de six ans, il est nécessaire d’acheter un tube à leur intention, avec une quantité de fluor réduite de moitié (environ 500 ppm).
Corps autosuffisant
Ulrich Saxer, professeur en médecine dentaire préventive à l'Université de Zurich, critique quant à lui le fait qu’aucun test n’ait été fait sur des humains. Et selon lui, un dentifrice normal suffit à nettoyer les dents correctement.
Par ailleurs, la capacité du BioRepair à combler les microfissures de la dentition n’est pas nécessaire. En effet, la salive fait déjà ce travail: elle neutralise les acides et répare l’émail en lui rendant les sels minéraux perdus par ces attaques. Après avoir consommé des aliments acides (fruits, légumes, etc.), il convient donc de se rincer simplement la bouche avec de l’eau et de ne surtout pas se laver immédiatement les dents, car l’émail se ramollit et devient vulnérable à l’usure par la friction du brossage.
Face à ces critiques, le fabricant Kurt Wolff rétorque que des études ont montré que le BioRepair faisait effet, que la couche de protection était renouvelée encore et encore pendant le brossage et qu’il était profitable aux personnes âgées qui ont parfois trop peu de salive et pour qui le fluor ne serait pas bon. Enfin, l’entreprise affirme avoir fait des tests sur des personnes, sans toutefois être en mesure de fournir les résultats…
Andreas Gossweiler/Marie Tschumi