Les personnes qui se pèsent régulièrement et qui optent pour un appareil équipé d’un impédancemètre obtiendront de précieuses informations sur le taux de graisse et la masse musculaire. Quand on se tient debout sur l’appareil, les pieds nus, deux capteurs transmettent les données à un ordinateur qui calcule ces valeurs. Le résultat s’affiche ensuite sur l’écran ou sur un smartphone connecté.
Sur la dizaine de pèse-personnes testés, sept ont livré des résultats très approximatifs. Ils ont été jugés insatisfaisants.
Deux appareils fiables
Seuls les modèles de Beurer et de Soehnle ont décroché la note finale «bon» avec des résultats conformes à la réalité. Les autres appareils sont très imprécis quand il s’agit de déterminer la masse musculaire: c’est là que sont apparus les plus grands écarts avec l’appareil de référence médical.
Les balances de Xiaomi et de Withings ont livré des résultats particulièrement mauvais à cet égard. Celle de Withings a ainsi affiché en moyenne 28% de masse musculaire de plus que la réalité. C’est beaucoup par rapport à la différence de 5% constatée sur le modèle Beurer, vainqueur du test.
Cette imprécision n’est pas anodine, parce qu’elle donne une information erronée alors que la réduction de la masse musculaire (on parle alors de sarcopénie) a un gros impact sur la santé. Elle affaiblit le métabolisme et peut entraîner une fragilité osseuse et des douleurs dorsales. Cela augmente aussi le risque de chute.
La fondation Promotion Santé Suisse insiste ainsi sur la préservation des tissus musculaires pour prévenir les accidents. Après 50 ans, la masse maigre diminue de 1% à 2% par année: ce phénomène s’amplifie encore après 70 ans, avec une perte annuelle estimée à 3%.
Les appareils testés ont aussi été approximatifs quant à l’évaluation du taux de graisse, mais avec de plus petites marges d’erreur. Tous les appareils ont en revanche indiqué avec précision le poids des testeurs.
Technologie imparfaite
Les piètres résultats des impédancemètres disponibles sur le marché peuvent s’expliquer par la technique utilisée. L’appareil émet un faible courant électrique qui est transmis à un pied par un des capteurs. Ce courant remonte la jambe jusqu’au bassin et redescend aussitôt par le chemin le plus court, dans l’autre jambe, jusqu’au deuxième capteur.
La balance ne mesure par conséquent que la masse musculaire de la partie inférieure du corps. Ce procédé donne des résultats trop optimistes pour les personnes qui ont un taux de graisse bas dans les jambes et il pénalise en revanche celles qui sont plus fortes au niveau des hanches ou du ventre. Plus sophistiqués, les appareils professionnels sont munis de quatre capteurs au moins et sont donc beaucoup plus précis (lire aussi «Votre balance vous dit-elle la vérité?» sur
bonasavoir.ch).
Autre source d’erreur: chaque fabricant a élaboré ses propres formules d’évaluation. Si la balance n’a pas été étalonnée avec des valeurs de référence précises, elle ne fournira pas non plus une analyse correcte.
Les fabricants réagissent
Withings a ainsi recours à un calcul spécifique qui tientcompte, non seulement des membres, mais également de la masse musculaire au niveau du cœur et des organes internes. Le fabricant impute la marge d’erreur élevée à des pieds trop secs, ou au contraire trop mouillés. Il recommande de monter sur la balance après la douche, après s’être légèrement essuyé les pieds.
Sanitas relève que le modèle sélectionné pour ce test est un produit d’entrée de gamme et que nos résultats ne correspondent pas à ceux de ses propres contrôles. La qualité n’est pourtant pas une question de prix puisque le modèle Intertronic, qui est le moins cher de notre sélection, obtient malgré tout un résultat satisfaisant. Cette balance ne dispose certes pas de la connectivité Bluetooth et les données ne sont pas transférables sur un smartphone, mais elle livre des résultats plus réalistes que ceux du modèle Withings – le plus cher du test, qui arrive avant-dernier.
Cet appareil peut être configuré à l’aide d’une application mobile, comme ceux de Xiaomi, Terraillon et Koenic. Un avantage qui peut devenir un inconvénient: lors du test, les experts n’ont pas réussi à connecter la balance Terraillon à un téléphone pour y transférer les données. Impossible, par conséquent, d’afficher les résultats des mesures d’analyse corporelle. Surpris à l’annonce de ce résultat, le fabricant de la marque helvétique fait valoir que ce modèle est un best-seller, avec un taux de retour très faible.
Andreas Schildknecht / chr
Les critères du test
Nous avons confié une dizaine de balances dotées d’un impédancemètre à l’Institut de recherche pour les produits (IPI) à Stuttgart, pour un test réalisé en collaboration avec l’émission télévisée alémanique Kassensturz.
Cinq hommes et cinq femmes âgés de 23 ans à 59 ans, pesant entre 52 kilos et 88 kilos, sont montés à deux reprises sur les balances de notre sélection. Les participants avaient des indices de masse corporelle différents. Certains étaient sportifs, d’autres pas du tout.
1. Analyse corporelle
Le laboratoire a mesuré la masse musculaire et le taux de graisse des testeurs. Ces résultats ont servi de base de comparaison pour la suite du test.
2. Mesure du poids
Les experts ont vérifié si les appareils pesaient correctement des poids étalonnés de 20, 60 et 100 kilos. Ils ont répété l’opération pour repérer d’éventuels écarts et ont ensuite ajouté des poids de 100 g pour tester la sensibilité à de faibles variations.
3. Maniabilité
Est-il facile d’enclencher les appareils et de créer un profil d’utilisateur? L’affichage du poids est-il lisible et les données faciles à enregistrer?
4. Stabilité
Les appareils basculent-ils quand on pose un pied sur le bord du plateau? Glissent-ils sur des sols lisses tels que des carrelages ou du stratifié? Le plateau de la balance devient-il glissant si on y monte avec les pieds mouillés?