«Difficile à concevoir». «Choquant». «Anxiogène». Ces termes se rapportent tous à un courrier que la société de sécurité Dialarme distribue dans les boîtes aux lettres romandes. Trois lecteurs domiciliés à Genève, Lausanne et Vevey nous l’ont transmis depuis le début de l’année. Sans timbre et donc déposé directement sur place, il prend la forme d’une circulaire d’une page intitulée «Avis aux habitants de l’immeuble».
Plusieurs éléments les ont surpris: tout d’abord, le courrier semble s’adresser spécifiquement à eux et à leur quartier, en mentionnant par exemple que la société agit «dans le cadre du développement de votre secteur», ou que «beaucoup d’entre vous réfléchissent à l’installation d’un système pour la sécurité de leurs biens ou de leurs proches». L’entreprise propose alors l’installation gratuite d’un équipement complet de sécurité dans les logements, à condition de remplir certaines conditions: habiter dans le domicile depuis plus de 30 jours, conserver l’original du courrier, et retranscrire précisément un code inscrit sur l’enveloppe. «Il est rédigé dans le ton avec lequel les gérances prennent contact avec nous, s’alarme un lecteur veveysan qui l’a reçu en début d’année. Si tout est gratuit, où est le piège?»
129 fr. par mois pour la télésurveillance
Selon le directeur marketing et communication de Dialarme, M. Panosetti, il n’y en a pas: «Nous avons décidé d’équiper des foyers gratuitement, explique-t-il. Il s’agit d’une opération gagnante, car les personnes qui ont bénéficié de cette installation en parlent autour d’elles, à leurs voisins par exemple, ce qui nous rapporte, à terme, de nouveaux clients».
Reste que, de l’aveu même de Dialarme, l’opération n’est pas gratuite dans son ensemble: seuls les dispositifs de sécurité eux-mêmes et leur installation le sont. En revanche, le raccordement de l’alarme à un centre de télésurveillance ne l’est pas: ce service est facturé 129 fr. par mois. Une option moins coûteuse est également proposée: contre 69 fr. mensuels, le dispositif d’alarme peut être connecté à un smartphone.
Dès lors, n’est-il pas trompeur de parler de gratuité? «Non, rétorque M. Panosetti, car chez certains clients, nous avons bel et bien installé un équipement de sécurité sans qu’aucun abonnement payant n'y soit associé. Dans ce cas, l’alarme se déclenche, mais elle n’est transmise à aucune centrale ou appareil mobile. C’est parfois suffisant pour faire fuir des cambrioleurs». Le directeur marketing de la société précise que «les diverses possibilités sont évoquées avec transparence et sans aucune obligation dès le début». Il indique également que, suite à des remarques, une clarification sera apportée dans les mois qui viennent aux documents envoyés aux ménages.
Combien paient réellement?
Le directeur marketing de Dialarme admet toutefois que «la totalité de nos clients a bénéficié de la gratuité du matériel et de son installation, mais il est vrai qu’une grande majorité a finalement opté pour des options payantes de raccordement (smartphone ou centre de télésurveillance)».
S’il paraît possible de bénéficier des services de Dialarme sans bourse délier, il n’en demeure pas moins qu’une majorité craque finalement pour un système payant lorsqu’un conseiller de l’entreprise quitte leur domicile. Mieux vaut en être conscient, car un contrat de 12 mois de télésurveillance, qui coûte 1548 fr., n’est pas à la portée de toutes les bourses.
Vincent Cherpillod