La dernière édition de ValeurS, le bulletin de l’Office fédéral de la statistique, est consacrée à la santé. Avec, notamment, un point sur les principales évolutions concernant les causes de décès, recensées depuis 1876 en Suisse. L’occasion de répondre à quelques questions sur le plus tabou des sujets, la mort.
> Pourquoi les maladies cardiovasculaires sont-elles en constante régression depuis les années 80?
A cause des progrès médicaux et des nouvelles techniques chirurgicales, bien sûr, mais aussi du développement de ce qu’on appelle la prévention secondaire. Exemple avec le tabagisme: non seulement les personnes qui ont subi un infarctus s’arrêtent désormais illico de fumer, mais le nombre de celles qui n’ont jamais griller une clope et qui font du fitness s’est considérablement accru. Cela s’explique aussi par la hausse de l’âge moyen de la population: les personnes âgées meurent d’autres raisons que les plus jeunes, notamment du cancer et de démence.
> Le cancer est-il, lui aussi, en régression?
Le taux de mortalité s’est stabilisé depuis le début du siècle. On compte, toutefois, toujours plus 200 morts pour 100 000 habitant chaque année, les formes les plus répandues restant le cancer de la prostate pour les hommes et du sein pour les femmes. Mais comme les maladies cardio-vasculaires sont en constante régression, le cancer va bientôt devenir la principale cause de décès en Suisse (voir graphique)
> Certaines maladie suivent-elle la même tendance?
Il n’y a pratiquement plus de décès attribués à l’asthme depuis 10 ans. La pneumonie et les infections et maladies parasitaires ont suivi le même évolution réjouissante. Et on ne meurt plus de la tuberculose depuis bientôt 40 ans, alors qu’elle provoquait le décès de 300 personnes sur 100 000 au début du 20e siècle.
> Les morts de la route sont-ils des jeunes surtout?
Oui, les «circonstances extérieures», comme les qualifient les statisticiens, dans lesquels sont intégrés les accidents, provoquent toujours le décès de la moitié des hommes entre 20 et 39 ans, contre un petit quart en 1905. C’est notamment dû à la motorisation, qui s’est développée au lendemain de la seconde guerre mondiale, avec un pic de 1871 morts en 1971, et concernait trois fois sur quatre une individu de cette tranche d’âge. Notons toutefois qu’en 2012, le nombre de morts sur la route a diminué à 296, alors que le celui des véhicules et des kilomètres parcourus a doublé dans ce même laps de temps.
> Les femmes vivent-elles toujours plus longtemps que les hommes?
Oui, mais la différence s’est considérablement réduite: 4,3 ans en 2012, contre 7,1 ans en 1991. Cela s’explique, notamment, par l’évolution différenciée du tabagisme, qui progresse chez les femmes et recule chez les hommes. Mais aussi de la diminution des accidents de la route, qui touchent beaucoup plus les hommes. Reste que, sur le plan biologique, les femmes semblent mieux protégées des maladies cardio-vasculaires par les œstrogènes et que les nouveau-nés de sexe féminin sont, grâce à leurs deux chromosomes X, moins touchés par des maladies génétiques récessives.
Christian Chevrolet