Alors qu’elle cherche le cadeau d’anniversaire idéal pour son compagnon, Vanessa Glauser tombe sur une offre du site DeinDeal: 12 tours sur le mythique circuit de Hockenheim (D) au volant d’une Lamborghini et d’une Porsche GT3. Sans attendre, elle casse sa tirelire pour acquérir deux bons d’une valeur de 379 fr. chacun, pour les offrir à son chéri et à son frère, grands amateurs de bolides. Achetés en août 2012, ils sont valables deux ans.
L’automne dernier, les deux heureux élus tentent alors de contacter la société organisatrice de l’événement, Top Speed Racing, pour réserver leur journée sur ce circuit. Mais toutes leurs tentatives s’avèrent infructueuses. Ils s’adressent alors au service clients de DeinDeal. Trois longues semaines plus tard, c’est la douche froide: «Nous sommes au regret de devoir vous informer que la société Top Speed Racing a déposé le bilan», leur apprend le site d’achats groupés. Et de préciser qu’il ne peut rembourser que le 20% du montant des bons. Résultat des courses: 758 fr. partis en fumée, en attendant la restitution de 151.60 fr.! Une perte considérable pour Vanessa Glauser, qui s’était serré la ceinture pour offrir ce cadeau à ses proches.
Le deal était sans garantie
Notre lectrice est d’autant plus choquée par cette réponse qu’elle vient tout juste de lire, sur le site de DeinDeal, qu’il propose la «garantie de deal» suivante: «Si, en raison d’une mise en faillite de notre partenaire, tu ne peux plus utiliser ton bon, nous te remboursons le montant dans sa totalité.» Soit exactement le cas de figure qui s’est présenté en l’occurrence!
Dès lors, pourquoi l’argent n’a-t-il pas été remboursé? «Nous n’avons ajouté cette disposition qu’en octobre 2013, répond le porte-parole de l’entreprise. Les bons achetés avant n’en bénéficient pas.» Pourquoi? «Avant que cette garantie ne soit instaurée, nous versions immédiatement l’argent du deal au prestataire du service, explique-t-il. Désormais, nous attendons que le bon soit utilisé pour transférer la somme. On peut donc la restituer à l’acheteur en cas de problème.»
Si l’entreprise semble, depuis, s’être racheté une conduite et protège désormais ses clients contre la faillite d’un partenaire, c’est trop tard pour Vanessa Glauser. Son argent a été englouti dans la faillite de Top Speed Racing. Et c’est elle qui paie les pots cassés, car le site d’achats groupés n’est qu’un intermédiaire qui n’avait rien prévu pour faire face à un tel cas (lire encadré). «Même si, légalement, rien ne nous y obligeait, nous avons, dans un geste de bonne volonté, remboursé à nos clients lésés 20% de la valeur des bons», précise encore le porte-parole du site d’achats groupés. Soit, en fait, le montant de sa commission.
Malheureusement, notre lectrice n’a même pas vu la couleur des 151.60 fr. qui devaient lui revenir. La somme a simplement été créditée sur son compte DeinDeal, l’obligeant ainsi à repasser une prochaine commande pour en profiter. Comme quoi le terme «remboursement» n’est pas compris de la même manière par tous…
Vincent Cherpillod
Éclairage juridique
«Notre rôle se limite à celui d’intermédiaire»
Lorsqu’on acquiert une prestation par le biais d’un site d’achats groupés, il est important de savoir que celui-ci n’a qu’un rôle d’intermédiaire. On peut notamment lire dans les conditions générales (CG) de DeinDeal qu’à l’achat d’un bon ou d’un produit, le contrat de vente lie le client au prestataire – appelé partenaire». De son côté, DeinDeal n’a pas d’engagement contractuel et précise: «Seuls les partenaires sont responsables de la qualité et de l’exhaustivité des prestations mentionnées par le bon.» En cas de litige, le consommateur devra donc se débrouiller avec le prestataire du service qu’il a acheté. Même chose en cas de faillite. Dans ce cas, il peut toujours essayer de prendre contact avec l’organe chargé de l’exécution de la faillite pour annoncer sa créance. Mais il est rare que les liquidités restantes suffisent pour qu’on puisse récupérer quelque chose…
Dans le cadre de la faillite de Top Speed Racing, DeinDeal a fait parvenir à ses clients lésés un formulaire à remplir et à renvoyer au liquidateur, afin de leur faciliter la procédure. Son rôle s’est toutefois arrêté là, puisque l’entreprise n’a pas assuré le suivi de ces demandes. A l’heure actuelle, les clients n’ont pas reçu de nouvelles de leur créance.