Une famille aux moyens limités peut-elle se permettre d’acheter des produits issus de l’agriculture biologique? Au vu de notre comparatif, il semble évident que ce genre de denrées reste, encore aujourd’hui, réservé aux personnes aisées. D’ailleurs, la dernière enquête sur le budget des ménages le confirme (lire encadré).
Le ticket prend l’ascenseur
Pour parvenir à ce constat, nous avons confronté, chez Migros et chez Coop, les prix de 20 produits estampillés «bio» avec des articles courants. Pour ces derniers, nous avons puisé dans les gammes M-Classic et Qualité&Prix lorsque c’était possible, sans prendre les actions en compte. Les articles M-Budget et Prix Garantie ont été systématiquement écartés de notre comparatif. Et nous n’avons pas cherché à relever, ici, les différences de prix entre les deux grands distributeurs, car tous les articles n’étaient pas strictement identiques.
Excepté à Coop où l’émincé de bœuf bio a exceptionnellement le même coût (37.50 fr. le kilo) que le Qualité&Prix, les produits issus de l’agriculture biologique sont systématiquement plus chers que les autres. Et l’écart n’est pas des moindres, puisque au total, il s’élève en moyenne à 45% chez Migros et à 38% chez Coop! Concrètement donc, une famille qui arrive à la caisse du géant orange avec les vingt produits bio que nous avons sélectionnés ici paierait 107 fr. et «seulement» 74 fr. si elle optait, à la place, pour les articles conventionnels. Et chez le concurrent, la différence est, là aussi, flagrante étant donné qu’il faut débourser quelque 123 fr. dans le premier cas et 89 fr. dans le second.
Par ailleurs, une enquête, menée en 2013, démontrait que les hard discounters se mettaient aussi au bio, avec des prix moins élevés qu’ailleurs (lire BàS 2/2013).
Marie Tschumi
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Dans le détail
Le bio reste un luxe
La récente enquête sur le budget des ménages de l’Office fédéral de la statistique le révélait sans détour: plus le revenu est élevé, plus la probabilité d’acheter des produits issus de l’agriculture biologique l’est également. D’ailleurs, ce sont surtout les ménages aisés qui en achètent, contrairement aux familles avec des enfants qui s’en procurent plus rarement. Notons aussi que, globalement, la consommation des produits bio augmente au fil des ans: entre 2006 et 2011, leur part de marché a bondi de 6,5% à 8%. Plus précisément, celle des légumes est passée de 9% à 14% et celle des fruits de 9 à 11%. En contrepartie, celle des viandes, des sauces, des épices, des sucreries et des pâtisseries n’ont pas connu de progressions particulières.