«La route n’est pas un terrain de jeu.» Par cette devise, la Prévention routière en appelle au comportement responsable de tous les usagers. Mais l’équipement des véhicules joue, lui aussi, un rôle sécuritaire primordial. Dès lors, un enfant qui pédale dans le trafic doit non seulement connaître les règles de la circulation, mais également disposer d’un matériel approprié. On pense surtout à l’efficacité des freins et au système d’éclairage, mais également aux très pratiques porte-bagage et garde-boue.
Une bonne dotation de série, c’est bien, mais encore faut-il qu’elle tienne la distance. Car on le sait, Junior n’est pas aussi soigneux avec son deux-roues que grand-père avec sa Moto Guzzi de collection. C’est pourquoi nous avons fait tester à la fois la résistance des vélos et l’efficacité de leur freinage (lire encadré). Dix modèles montés sur des roues de 20 pouces (6 à 9 ans) ont alors été confiés au Laboratoire spécialisé Velotech à Schweinfurt (D).
La bonne nouvelle, c’est que tous sont solidement construits et conformes aux normes en vigueur. Malgré tout, le test de longévité a laissé des traces: vis desserrées, fixations cassées, porte-bagages hors service, etc. Fort heureusement, tous les dommages constatés étaient largement réparables. Mais la robustesse des matériaux laisse parfois à désirer: sur six modèles, les poignées en caoutchouc étaient déchirées avant même que le test de résistance aux chutes ne soit terminé…
Des arrêtes trop vives
Au final, trois articles sont sortis du lot en décrochant la mention «bon». Le vainqueur, le Mustang Trailchecker aurait pu faire mieux encore si sa peinture n’était pas aussi vulnérable. Son dauphin, le Puky Crusader Alu light a, pour sa part, été pénalisé de 0.5 point en raison des arêtes vives de son protège-chaîne. Si légères soient-elles, ces imperfections ne devraient pas se retrouver à un tel niveau de prix (559 fr. tous les deux).
Le Mustang se distingue de tous ses concurrents sur un point: c’est le seul vélo à ne présenter aucun élément potentiellement dangereux. Cinq de ses concurrents ont, par exemple, été sanctionnés en raison d’attache-câbles aux contours tranchants. Sur le Simpel Nunu 20 et le Tour de Suisse Speedy X20, c’est le garde-boue avant qui a des arrêtes coupantes. Tous ces éléments critiques sont susceptibles de blesser inutilement l’enfant, raison pour laquelle une sanction de 0.5 point a été infligée à chaque défaut.
Le poids excessif a, lui aussi, occasionné des pénalités. On ne peut certes pas exiger qu’un deux-roues pour bambin soit à la fois solide et léger comme une plume, mais certains sont franchement trop lourds. Nous avons donc pénalisé (0.5 point) cinq d’entre eux qui pesaient plus de 13 kg. Le record est détenu par le California Starlite qui pèse pas moins de 14,8 kg, soit autant – si ce n’est plus – qu’un VTT pour adulte. Les quatre modèles les plus chers étaient aussi les plus légers, avec un poids qui avoisinait 12 kg.
Peut mieux faire
Sur l’ensemble du test, deux vélos ont dû se contenter de la mention finale «peu satisfaisant». Sur le California Starlite, les experts ont constaté que la peinture était assez fragile et que ses pneus s’usaient plus vite que la moyenne. Le support du phare n’a pas tenu la distance non plus. En ajoutant son poids excessif et deux éléments susceptibles de blesser son utilisateur, on comprend pourquoi il a écopé d’une mauvaise note.
Jumbo, qui vend ce produit, estime que la lourdeur de son modèle s’explique par la qualité de ses composants, comme la présence d’une fourche télescopique. En revanche, il dit vouloir procéder à des contrôles supplémentaires au cours de la prochaine production pour que les pièces jugées dangereuses soient évitées.
L’Interbike Browser n’a pas fait beaucoup mieux. Son porte-bagage n’a pas résisté à l’épreuve de longévité, ses attache-câbles sont trop coupants et ses freins sont faibles par rapport à la concurrence. En réaction, l’enseigne Toys’R’Us a écrit qu’il prenait au sérieux nos résultats et qu’il entendait apporter des améliorations.
Freins à la hauteur
D’autres distributeurs ont réagi à notre test. Selon Coop, le garde-boue tranchant du Leopard FunCat est monté depuis neuf ans sur les vélos et personne ne s’en est jamais plaint. De son côté, SportXX déplore les attache-câbles incriminés sur le Crosswave Ray Pro: «De telles pièces sont, pour nous, aussi une aberration. Nous avons déjà encouragé à plusieurs reprises nos fournisseurs à tourner les arêtes vives vers l’intérieur.»
Pour terminer sur une note positive, on soulignera que les systèmes de freins sont globalement satisfaisants. Tous les deux-roues disposaient notamment de leviers qu’on peut régler. La puissance de freinage est suffisante sur tous les modèles, bien que des écarts importants aient été relevés. Le Tour de Suisse Speedy X20 est le mieux doté en la matière. En comparaison, les freins de l’Interbike Browser sont quatre fois plus faibles; heureusement, son dispositif de rétropédalage (torpédo) fait bien son job.
Andreas Schildknecht / yng
EN DÉTAIL
Les critères du test
Le Laboratoire spécialisé Velotech.de, à Schweinfurt (D), a apprécié les modèles selon les normes européennes en vigueur. Ils ont tous été vérifiés par des mécaniciens avant la phase de test. Pour cette dernière, les critères suivants ont été pris en compte.
- Robustesse: les vélos ont été montés sur un banc d’essai à rouleaux. Ils ont été lestés à différents endroits pour simuler la présence d’un enfant de
30 kg sur la selle. La machine a ensuite entraîné les roues à une vitesse variant de 8 à 15 km/h pendant une durée équivalente à plusieurs années d’utilisation intensive. Pendant le test de charge, chaque modèle a été exposé à 500 000 chocs. Ensuite, les experts ont laissé tomber les vélos dix fois du côté droit et dix fois du gauche. Une pénalité d’un point a été infligée pour chaque dommage irréversible et de 0.5 point pour chaque dégât réparable. Pour évaluer la qualité de la peinture et des couches de protection, le laboratoire a procédé à un test dit de «quadrillage». - Freins: sur un banc d’essai, les leviers de freins et les systèmes de rétropédalage (torpédo) ont été actionnés à des forces différentes. Cela a permis de déterminer pour quel poids les dispositifs de freinage étaient adaptés. Les mesures ont été prises à une vitesse constante de 12,5 km/h sur des revêtements secs et humides.
- Éléments dangereux: sur toutes les pièces du vélo, les experts ont examiné les parties saillantes qui peuvent entrer en contact avec les mains ou les jambes.
Conseils d’achat
Un vélo bien ajusté, c’est mieux
Voici quelques astuces pour acheter à Junior le bon modèle et faire les bons réglages. Bien sûr, le prix, le poids de l’engin et son équipement comptent. Mais d’autres éléments doivent encore être pris en compte au moment de l’achat. Voici les points principaux.
Cadre: privilégier les modèles qui ont un tube horizontal bas, un peu à la manière des vélos pour dames. En cas de freinage brusque ou de perte d’équilibre à l’arrêt, l’enfant pourra plus rapidement et facilement descendre de la selle.
Vitesses: dans la majorité des cas, trois vitesses sont suffisantes, même si les commerçants tendent parfois à dire le contraire. Evidemment, si le vélo est utilisé dans des zones vallonnées ou à fortes pentes, davantage de vitesses ne sont pas inutiles.
Guidon: lorsqu’on le pivote à 90 degrés, la distance entre la poignée et la selle devrait osciller entre 5 et 10 cm. Il est recommandé aussi d’avoir des poignées bien protégées contre les chocs à leur extrémité.
Réglages: il est inutile de régler la selle trop haut. Les enfants doivent pouvoir toucher le sol des deux pieds facilement. La hauteur du guidon devrait être supérieure à celle de la selle pour que l’enfant soit assis confortablement. De cette manière, il aura une meilleure vue d’ensemble et regardera la route sans trop faire travailler ses cervicales.
Éclairage: une dynamo latérale, c’est simple et peu coûteux. Mais dès que les pneus sont mouillés, son fonctionnement perd en efficacité. A ce titre, les dynamos de moyeu sont plus fiables, plus résistantes et freinent moins le vélo. Pour des raisons de sécurité, il est important qu’elles soient munies d’un dispositif qui laisse les phares allumés quelques minutes en cas d’arrêt.