Les Suisses ne veulent plus n’importe quoi dans leur assiette! Les derniers scandales alimentaires, comme celui des lasagnes au cheval – et les débats qui ont suivi –, ont marqué un tournant dans l’esprit des consommateurs. Tournant qui s’observe aujourd’hui dans la composition du «panier de la ménagère».
Si l’intitulé prête à sourire, il demeure néanmoins un précieux indicateur. Ainsi, selon une étude qui vient d’être publiée par le Centre de recherche Agroscope, les dépenses en produits bio, dans le domaine alimentaire, ont fait un bond entre 2006 et 2011, soit avant même le choc des tromperies qui a secoué le secteur. Pour sa part, Bio Suisse annonce une forte progression de ce marché en 2013.
Le chiffre d’affaires total aurait ainsi dépassé les 2 milliards de francs. Les principaux bénéficiaires sont bien sûr les deux géants orange de la distribution, Coop se plaçant devant Migros dans ce segment.
Pas étonnant diront certains. Et à juste titre. Pas surprenant, en effet, que le marché prenne de l’ampleur lorsqu’on étudie de plus près le positionnement des produits bio chez les grands distributeurs. Prêtez-vous au jeu, si vous ne l’avez pas déjà fait: les fruits et les légumes bio sont systématiquement placés au premier plan, ce qui incite le consommateur pressé à les acheter, pas nécessairement par choix. Plus loin dans les rayons, les emballages flanqués du «Bourgeon» sont le plus souvent à hauteur des yeux, alors que leurs variantes non bio sont moins accessibles au regard, voire inexistants dans certains cas.
Ce développement d’aliments a priori plus sains et plus respectueux de l’environnement est toutefois à encourager. Or, si la grande distribution contribue positivement à leur essor, les prix pratiqués restent encore trop élevés. Notre comparatif démontre un surcoût moyen de 50% par rapport aux variantes non bio, soit au-delà du surcoût légitime lié aux exigences et aux contraintes de l’agriculture biologique.
Zeynep Ersan Berdoz