C’est certainement la seule chose intéressante qu’aura permis la stupide émission de téléréalité de la NBC «The biggest loser». Depuis 14 ans, une dizaine de candidats obèses cherchent à perdre un maximum de poids durant six mois pour toucher 250'000 dollars. Des chercheurs ont saisi l’occasion qu’ils n’auraient jamais osé imaginer dans une étude clinique pour suivre ceux de la saison 8, en comparant la situation avant et après la compétition, puis dans les années qui suivent. Or, 6 ans après, ils confirment ce qui était prévisible: les candidats ont repris 70% de leur poids initial et tout porte à croire que cela ne va pas s’arrêter là.
Car l’étude publiée dans la revue Obesity révèle la raison majeure de cet engrenage: le métabolisme de base des personnes qui suivent un régime restrictif diminue drastiquement. En période de repos, le corps a, en effet, un besoin énergétique incompressible de 1300 kcal (femme) à 1500 kcal (homme) environ par jour. Or, lorsqu’il est mis en situation de restriction alimentaire, ce besoin diminue jusqu’à 800 kcal. Et surtout, 6 ans après, il en reste là et ne remonte pas à son niveau d’origine. Autrement dit: pour conserver son poids, le candidat doit manger 800 kcal de moins qu’une personne de même corpulence qui n’a pas suivi de régime. Mission quasiment impossible!
Etude suisse
Des chercheurs suisses ont suggéré le même mécanisme dans une étude publiée en 2013 déjà. La diminution du besoin énergétique était cependant moins importante: entre 10 et 15% du métabolisme de base. Et le chercheur en neuroscience Michel Desmuget, qui a compilé toute la littérature scientifique sur le sujet dans son livre «Anti-régime: maigrir pour de bon» (éd. Belin), le confirme au Figaro: «Le corps humain ne fait pas la différence entre une famine et un régime restrictif». (…) Le métabolisme se sent donc en danger et veut revenir à son poids d'origine. Alors, il consomme le moins d'énergie possible et stocke des graisses dès qu'il en a l'occasion.»
Et comme pour planter le clou, le CERIN (Centre de recherche et d'information nutritionnelle) brandit une autre étude finlandaise, laquelle a suivi 4130 jumeaux entre 16 et 25 ans en comparant, notamment l’évolution de leurs poids. Or, chez les paires «discordantes» (un seul des deux membres a perdu du poids volontairement), l’IMC (indice de masse corporelle) de celui ayant suivi un régime a augmenté davantage que celui de l’autre. Les épisodes de restrictions alimentaires augmenteraient donc la prise de poids indépendamment des autres facteurs, génétiques notamment.
Moins, patiemment et en bougeant!
Conclusion des experts: ne pas vouloir perdre du poids vite fait bien fait, mais de façon raisonnée (le seuil de détection des défenses organiques semblent correspondre – peu ou prou – à 10% du poids corporel), patiente (pas plus d’un kilo par mois) et active (marcher 10’000 pas par jour par exemple).
Christian Chevrolet
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