On affirme que le travail, c'est bon pour la santé. Il serait plus juste de dire que le travail a une grande influence sur la santé. Une influence qui pèse de plus en plus négativement sur le corps et l'esprit, si l'on en croit l'enquête réalisée par l'Office fédéral de la statistique (OFS) sur le sujet auprès de 11 157 personnes âgées de 15 à 64 ans.
C'est dur et ça fait mal
La part de travailleurs exposés à des risques physiques (charges lourdes, produits toxiques, etc.) ont augmenté de 42% à 52% entre 2007 et 2012! Les professions particulièrement touchées se trouvent dans l'agriculture, la construction, la restauration et l'hébergement. Les transports, le commerce, la santé et le social sont aussi concernés. Or, ces risques physiques ont un impact direct, puisque les travailleurs qui y sont exposés étaient 12% à estimer leur état de santé pas bon contre 5% seulement pour les autres.
Les risques psychosociaux, susceptibles de péjorer la santé physique, sociale et psychologique, touchent également plus de la moitié des personnes. La grande majorité (46%) avoue travailler les trois quart du temps à des cadences élevées. Le manque d'autonomie touche davantage les femmes (37%) que les hommes (29%) qui se plaignent, par exemple, de rarement disposer de leur pause quand ils le souhaitent. L'ensemble de ces facteurs favorisent le sentiment de stress chez 18% des travailleurs. Or, la moitié des personnes stressées (49%) ressentent souvent un vide émotionnel en travaillant – contre 13% pour les autres – qui est un indicateur de risque de burnout.
Discrimination et violence aussi
Les cas d'intimidation, de mobbing et les autres formes de harcèlement ne sont pas si rares que l'on pourrait le penser. En 2012, 16% des hommes et 19% des femmes ont été confrontées au moins une fois à une discrimination ou à de la violence. Les victimes sont 40% à avoir souffert d'épuisement émotionnel, alors que les travailleurs épargnées n'étaient que 15%.
Yves-Noël Grin