C’est en 1938 que les frères hongrois Biró déposaient le premier brevet du stylo à bille. Plus de 70 ans plus tard, cette invention n’a pas pris une ride malgré la place toujours plus importante du numérique. C’est encore, aujourd’hui, l’un des outils d’écriture les plus utilisés dans la vie quotidienne.
On en trouve désormais à tous les prix, avec de nombreux modèles vendus à moins d’un franc. Vaut-il la peine de mettre un peu plus cher pour avoir un produit performant? C’est ce que nous avons voulu vérifier en confiant
vingt stylos à bille à un laboratoire spécialisé. Les experts ont examiné leur qualité sous tous les angles (lire encadré).
Un trait de 5,7 km!
Au final, c’est le Pelikan th.ink qui fait le meilleur score des vingt articles mis à l’épreuve. L’écoulement de l’encre est très régulier, le trait est net et sa durabilité est très bonne. Malgré sa forme anguleuse, les testeurs ont également apprécié son ergonomie. Son seul talon d’Achille? Une encre qui ne résiste pas très bien à la lumière. Vendu 15.90 fr., c’est le plus cher du lot derrière le Parker Jotter (18.30 fr.)
Le Ballograf Rondo s’adjuge la médaille d’argent grâce à de bonnes performances, même si les testeurs ont relevé que le petit rebord entre le corps et la pointe du stylo demandait un temps d’adaptation. C’est à l’épreuve d’endurance que le Ballograf a laminé ses concurrents: sa mine a permis d’écrire 5,7 km de texte avant de s’épuiser!
Derrière le duo de tête relativement coûteux, le Schneider K20 Icy color décroche la palme du meilleur rapport qualité-prix. Ce n’est pas parce que son prix est attractif qu’il n’est pas performant: le rendu de son écriture était supérieur à celui de tous les autres et les testeurs ont noté qu’il tenait bien dans la main. Cerise sur le gâteau, son encre résiste bien aux effets des rayons ultraviolets.
Les UV qui font mal
D’autres produits bon marché ont également tiré leur épingle du jeu en obtenant un bon résultat global. On trouve l’incontournable Bic Cristal Original ainsi que le Qualité & Prix Schneider vendu chez Coop. C’est surtout en termes d’endurance et d’ergonomie que ces deux modèles marquent quelque peu le pas sur les leaders.
Le test de résistance à la lumière a coûté cher aux deux classiques que sont les Parker Jotter et Caran d'Ache 849. En simulant une exposition au soleil avec de puissants rayons UV, le laboratoire a constaté que leur encre était très estompée après 24 heures déjà. Le Papeteria, vendu chez
Migros, a fait pire encore, à tel point que son écriture n’était quasiment plus lisible.
Le souffle court
A l’épreuve de l’endurance, toutes les mines n’ont pas montré les mêmes aptitudes de marathonien que le Ballograf et ses 5,7 km d’écriture.
La majorité a tenu sur une distance de 1 km. Mais certaines ont posé les armes bien avant: celles des M-Budget, Scriva Gel Cosmo et Manor étaient épuisées après
250 mètres à peine!
Mais l’échec le plus cuisant revient au stylo Manor qui est, du reste, le seul à avoir été jugé «insatisfaisant». Sur les vingt exemplaires contenus dans le pack, un seul fonctionnait correctement! Les autres n’écrivaient pas ou sur quelques mètres uniquement. Le flux d’encre était inégal, les mines bavaient, bref c’était la bouteille à l’encre. Le porte-parole de Manor, Andreas Richter, nous a affirmé que ce modèle allait être remplacé.
De son côté, Migros a critiqué notre test d’endurance en estimant que la vitesse d’écriture du traceur était trop élevée et que «personne n’écrit si vite aussi longtemps». Le fabricant de Scriva, lui, déclare que l’encre de son Gel Cosmo mettrait plus de temps à se fixer en raison de sa consistance particulière. Propriété qui, selon la marque, rendrait la conduite du stylo plus facile.
Jonas Arnold / yng
En détail
Les critères du test
Qualité de l’écriture: 30%
Trois personnes et deux experts ont écrit le même texte avec chaque stylo. Ensuite, ils ont examiné le résultat avec et sans loupe: le trait est-il net et uniforme? L’encre a-t-elle tendance à baver? Le texte s’étale-t-il lorsqu’on passe le doigt ou la manche d’un pull par dessus?
Ergonomie: 25%
Cinq personnes ont évalué si les stylos tenaient bien dans la main. Quelle force faut-il exercer pour que l’écriture soit nette? Quel
feeling procurent-ils à l’usage?
Endurance: 25%
Les articles ont été insérés dans un traceur pour savoir quelle distance ils étaient capables de parcourir avant que leur mine ne soit épuisée.
Résistance à la lumière (10%) et robustesse du clip (5%)
Celui de chaque stylo a été écarté à dix reprises à des degrés divers pour voir comment il se déformait ou s’il se cassait.
Qualité de la mine: 5%
Pour évaluer à quel point l’encre sèche, les experts ont entreposé les articles pendant deux semaines dans un lieu où la température était de 40° C et le taux d’humidité de 20%. Ils ont ensuite réutilisés les stylos pour mesurer le temps qu’il fallait avant que le trait ne redevienne net. Ils ont répété l’opération dix fois pour voir si la qualité de l’écriture baissait ou si les mines rendaient l’âme.