Les médicaments vont soigner leur pub
A compter du 1er janvier 2017, la publicité pour certains remèdes ne sera plus soumise à l’autorisation de Swissmedic. Avec tous les risques de dérive que cela implique.
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Bon à Savoir
24.08.2016
Dernière mise à jour:
06.07.2022
Yves-Noël Grin
S’il est un domaine où la communication trompeuse peut avoir de graves conséquences, c’est bien celui de la santé. Car si l’industrie pharmaceutique n’est pas habilitée à promouvoir les médicaments sous ordonnance, elle a tout loisir de le faire pour les autres préparations. Mais la publicité de certains remèdes dans certains médias est soumise à un contrôle préalable. Le hic, c’est que celui-ci est devenu moins strict en 2014 et qu’il s’assouplira encore dès le 1<...>
S’il est un domaine où la communication trompeuse peut avoir de graves conséquences, c’est bien celui de la santé. Car si l’industrie pharmaceutique n’est pas habilitée à promouvoir les médicaments sous ordonnance, elle a tout loisir de le faire pour les autres préparations. Mais la publicité de certains remèdes dans certains médias est soumise à un contrôle préalable. Le hic, c’est que celui-ci est devenu moins strict en 2014 et qu’il s’assouplira encore dès le 1er janvier 2017.
Au 1er juin 2014, un premier pas a été franchi pour les médias imprimés et les moyens audiovisuels tels qu’internet ou les tableaux d’affichage électroniques. Les publicités, pour des médicaments autres que les analgésiques, somnifères, sédatifs, laxatifs et anorexigènes qui présentaient un risque de dépendance ou d’usage abusif, ont été exemptés de contrôle. Cet assouplissement ne concernait néanmoins pas les publicités diffusées à la radio, au cinéma et à la télévision. Mais dès le 1er janvier 2017, cette distinction ne sera plus d’actualité.
Liberté inquiétante
L’industrie pharmaceutique pourra alors concocter ses spots pour des produits tels que spray pour le nez, sirop contre la toux et autres pastilles pour la gorge sans les soumettre à Swissmedic. Elle ne pourra certes pas faire tout et n’importe quoi, sachant que la loi sur les produits thérapeutiques et l’ordonnance sur la publicité des médicaments lui fixent un cadre en la matière. Mais elle aura de toute évidence les coudées plus franches pour vanter les bienfaits – prouvés ou non – de ses produits. Cette liberté plus grande fait craindre des dérives que Bon à Savoir ne manquera pas d’épingler.
Pour Swissmedic, cet assouplissement se justifie par l’évolution sociétaire: «Un contrôle préalable de la publicité diffusée à la radio, à la télévision et au cinéma pour tous les médicaments n’est plus adéquat à l’ère du multimédia.» Comprenez par là que l’institut estime que les consommateurs s’informent désormais sur internet avant tout. Constat qui ne l'a, hélas, pas amener à prendre une mesure compensatrice: renforcer la surveillance de ce qui est diffusé dans la jungle du net…
Yves-Noël Grin