Grands amateurs de miel, les Suisses se tournent principalement vers la production étrangère (deux tiers de la consommation), afin de satisfaire leur gourmandise à meilleur prix. Les abeilles, elles, sont décimées par les pesticides et le parasite varroa. Pourtant, ces infatigables butineuses continuent de nous offrir, en cadeau, un
délice incomparable et un médicament insoupçonné.
Précieux mais menacé
C’est un produit 100% naturel. Seules les abeilles interviennent pour transformer le nectar des fleurs en miel. Liquide sucré, composé de plus de 50% d’eau quand il est déposé dans les alvéoles, il est ensuite ventilé par les abeilles pour atteindre la bonne consistance. Au final, il est constitué de 18% d’eau pour 80% de sucre, en moyenne. Le solde, près de 3%, est formé d’une centaine de composants, parmi lesquels des antioxydants de la famille des flavonoïdes qui luttent contre le vieillissement cellulaire.
Hélas, la présence d’antibiotiques comme de pesticides n’est jamais exclue. En 2005, une analyse réalisée par notre magazine sur les miels vendus en Suisse révélait que 15% des produits étaient pollués. Notre test de 2014 était nettement plus réjouissant, puisque aucun insecticide ou antibiotique n’a été décelé. Une évolution positive, sur le marché helvétique, due aux contrôles de la branche et à ceux des services sanitaires.
Malheureusement, d’après une série de tests menés par l’Union européenne en décembre 2015, 32% des miels analysés présentaient une non-conformité soupçonnée ou avérée. Cette fraude concernait le coupage avec des sirops bon marché de maïs ou de riz, ainsi que la falsification des étiquettes sur l’origine tant géographique que botanique des produits. Les articles incriminés provenaient d’Asie, de Chine principalement. Les débusquer n’est pas chose aisée: ils se cachent derrière une appellation vague, telle que «Hors Communauté européenne».
Aussi un médicament
Dans les recettes de grand-mère, on utilise le miel avec du lait ou du jus de citron pour guérir les maux de gorge. On l’emploie aussi pour soigner de petites blessures cutanées, des coups de soleil, voire de l’acné. Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, la médecine moderne s’intéresse également à ses propriétés antiseptiques et cicatrisantes. Depuis une trentaine d’années, l’Hôpital de Limoges, pionnier en France, mène des recherches pour le soin des plaies, y compris celles qui résistent aux traitements traditionnels et aux antibiotiques. Depuis, il a été suivi par d’autres hôpitaux en Europe et aux USA.
Les propriétés antiseptiques proviennent d’une enzyme sécrétée par l’abeille pour transformer le nectar; en présence d’un peu d’eau, elle décompose le sucre en eau oxygénée au pouvoir antiseptique connu et en acide gluconique. Celui-ci, associé aux flavonoïdes contenus dans le miel, agit comme un antibiotique naturel et entrave le développement microbien.
Quant au pouvoir cicatrisant du miel – de thym et de miellat en particulier –, il est favorisé par sa forte teneur en sucre qui, par osmose, permet l’asséchement des plaies. Il est aussi renforcé par l’action de divers composants qui induisent l’émission de protéines procicatrisantes (la cytokine et l’interleukine). Cerise sur le gâteau, les pansements au miel ne collent pas aux plaies, le changement de compresses se fait sans douleur.
Doris Favre, diététicienne diplômée
Ce qu’il faut retenir sur le miel
⇨ Ne pas en donner aux enfants de moins d’un an.
Comme leur système digestif est encore incomplet, il ne peut éliminer les spores d’une bactérie parfois présente dans le miel. Appelée Clostridium botulinum, celle-ci est responsable du botulisme infantile, une maladie rare mais grave.
⇨ Le miel reste un sucre.
A consommer avec plaisir et modération. Son pouvoir sucrant étant supérieur à celui du sucre, on en mettra moins.
⇨ Le miel cristallisé redevient liquide au bain-marie.
La température de l’eau ne doit néanmoins pas dépasser 40° C, afin de préserver ses composants bénéfiques.
⇨ Pour le déguster, privilégier l’achat de miel local.
C’est, a priori, un gage d’authenticité. Un produit meilleur marché, de
provenances diverses, devrait plutôt être réservé aux préparations culinaires.