Les taux sont à la hausse. Pas énormément, mais plus que prévu, ce qui a affolé les Bourses, comme on l'a vu en début de semaine. Pourquoi? Parce que de nombreux investisseurs se sont empressés de vendre leurs titres dans la perspective d'en racheter d'autres – plus tard et avec des taux d'intérêts plus élevés. Autrement dit, une économie qui retrouve enfin des couleurs n'enthousiasme guère Wall Street & Cie, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes!
Pour le petit épargnant, en revanche, la reprise laisse augurer de meilleurs rendements. Car ceux des comptes d'épargne classiques sont, aujourd'hui, au plancher, ne dépassant plus 0,2% et descendant même jusqu'à 0,01% (Credit Suisse, UBS, BCV, BCGE, etc.), soit 10 ct .par an pour un placement de 1000 fr. (voir notre comparatif, actualisé au début de chaque mois).
Taux bas, mais gain supérieur!
On est évidemment très loin des taux supérieurs à 5%, proposés dans les années 74-75 ou 91-92. Mais, tenez-vous bien, les gains de l'époque étaient – en fin de compte – inférieurs à ceux qu'on obtient aujourd'hui! Car normalement, lorsque les taux sont élevés, l'inflation l'est aussi, et inversement. En mettant en parallèle ces deux données, comme nous l'avons fait dans un tableau intégrant les taux de rendement et l'IPC entre 1960 et 2016 (la BNS n'a pas encore publié certaines statistiques de 2017), leur impact saute aux yeux.
Ainsi, en 1974, le compte d'épargne moyen rapportait certes 5,1%, mais comme les prix ont augmenté de 9,8% cette année-là, l'épargne a concrètement perdu 4,7%. Situation inverse en 2015: l'épargne n'a rapporté, en moyenne suisse, que 0,2%, mais comme l'ensemble des prix a diminué de 1,1%, l'argent placé dans un tel compte s'est valorisé de 1,3%.
Parlons cash: en plaçant, en 1960, 100 fr. dans un compte d'épargne classique, on se retrouvait, fin 2016, avec un capital de 455 fr., ce qui représente un rendement annualisé de 2,75%. Mais il faut aujourd'hui 412 fr. pour acheter ce qu'on payait 100 fr. en 1960, puisque l'IPC a, lui, augmenté de 2,59% en moyenne annuelle. Conclusion: le placement (100 fr.), qui a pourtant duré 56 ans, n'a renforcé le pouvoir d'achat que de 9 fr. ce qui représente un rendement moyen annualisé d'environ... 0,16%!
Une seule consolation: si vous aviez placé ce billet de 100 fr. sous votre matelas plutôt que dans ce compte bien mal rémunéré, il aurait perdu 77,3% de sa valeur fin 2016 et équivaudrait à 22.70 fr. d'aujourd'hui!
Christian Chevrolet