L'automne rime presque avec pomme. Local et populaire, c'est en tout cas le fruit le plus représenté dans les étals des supermarchés. Les analyses divulguées ce matin par Greenpeace ont donc de quoi inquiéter: lors d'une campagne menée dans 11 pays européens dont la Suisse, des pesticides ont été retrouvés dans 83% des échantillons conventionnels (non bio). On en décelait même deux ou plus dans 60% de ceux-ci.
Pour cette enquête, l'ONG a acheté 126 produits différents dans des enseignes répandues et les a transmis à un laboratoire indépendant. En Suisse, six échantillons conventionnels et deux de culture biologique ont été récoltés chez quatre distributeurs (1 × Aldi, 3 × Coop, 1 × Lidl, 3 × Migros).
Dans notre pays, c'est en moyenne 1,8 pesticide qui a été retrouvé dans les fruits classiques, alors que c'est une pomme de chez Migros qui était la plus contaminée avec 5 substances différentes. Du THPI, un produit de dégradation du fongicide captan, a aussi été retrouvé dans les pommes pour enfants Jamadu de la Coop. En revanche, aucun produit n'a été trouvé dans les fruits bio (Coop et Migros).
Impact sur la santé
«L'utilisation élevée de pesticides dans l'agriculture industrielle affecte la biodiversité, menace notre santé et lègue un cocktail chimique dans nos aliments», déclare Philippe Schenkel de Greenpeace Suisse.
«Les pommes biologiques testées ne portent aucune trace de pesticides et les traces de THPI sur les pommes conventionnelles sont nettement en dessous des valeurs limites légales. Dans l'Union européenne, la limite de captan dans les pommes est fixée à 3 mg/kg, alors que l'échantillon en question n'atteint que 0,025 mg/kg. La présence est donc 120 fois plus faible que stipulée par la loi», réagit Coop.
Même constat pour Migros qui dit être aussi largement en dessous des normes légales, mais qui s'étonne des 5 pesticides différents trouvés dans la même pomme. «Cela ne correspond pas à nos tests internes effectués ces trois dernières années. Nous allons entreprendre des investigations», ajoute l'entreprise.
Rappelons que ces substances chimiques font régulièrement l'objet d'études relatives à leur impact sur la santé. En France, une enquête menée fin 2013 sur une trentaine d'enfants a permis de déceler 624 résidus de pesticides suspectés d'être des perturbateurs endocriniens dans leurs cheveux.
Retrouvez plus d'informations sur les perturbateurs endocriniens, pesticides, additifs et autres polluants dans notre dossier Poisons quotidiens.
Loïc Delacour