Développement
Les Suisses paient jusqu’à trois fois plus que leurs voisins européens lorsqu’ils communiquent depuis l’étranger avec leur téléphone mobile (roaming). Et même jusqu'à 15 fois plus, si l'on ne considère que le trafic de données (data). Fin septembre 2011, contre l’avis du Conseil fédéral, les conseillers nationaux avaient accepté par 181 voix contre 5 (!) une motion demandant que des plafonds, inspirés de ceux fixés dans l’UE, soient imposés aux opérateurs suisses pour les tarifs d’itinérance. Sa requête découlait directement de la pétition déposée à Berne par Bon à Savoir en juin de la même année, signée par 56 000 consommateurs.
Il était donc légitime de s'attendre à une avancée rapide du dossier sous la forme d’une décision identique du Conseil des Etats. Or, depuis, la Commission des transports et des télécommunications chargée de préparer le dossier n'a cessé de trouver de mauvaises excuses pour reporter sa décision… jusqu'au vote négatif, le 9 mars 2015, du Conseil des Etats, mettant ainsi fin à un long – très long – débat sur le sujet.
Résultat: la Confédération n’imposera pas de plafonds de prix pour le roaming (itinérance) aux opérateurs. Et, malgré les effets d'annonces successifs de ces derniers, la majorité des consommateurs continue ainsi d’engraisser les opérateurs de téléphonie mobile! (lire, en lien dans la colonne de droite, nos principaux articles sur ce sujet).
Explication du calcul
Selon nos estimations, basées sur les données que l’OFCOM publie depuis le 1er janvier 2009, l’écart tarifaire entre l’UE et la Suisse coûte chaque année la bagatelle de 340 millions de francs aux Helvètes. A cela s’ajoute 60 millions de francs supplémentaires dus à un mode de facturation distinct. Alors que les directives communautaires imposent une pratique à la seconde au-delà des 30 premières secondes, les opérateurs suisses appliquent le plus souvent le forfait par minute. Ainsi, un appel de 3 minutes et 5 secondes est arrondi à 4 minutes! Au total, Swisscom, Orange et Sunrise demandent donc chaque année quelque 400 millions de francs de plus à leurs abonnés.