Afin de fabriquer un plastique souple et pliable, l’industrie recourt à des plastifiants, tels des phtalates, de l’huile de goudron agrémentée d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des paraffines chlorées. Ces substances nocives peuvent provoquer des cancers ou des irritations de la peau et avoir des effets toxiques pour la reproduction.
Comme ces polluants ne sont pas fortement liés au plastique même, ils peuvent facilement se retrouver dans l’air ou sur la peau après un contact. S’ils ne sont pas immédiatement nuisibles, il convient de maintenir leur taux le plus bas possible, car les HAP peuvent s’accumuler dans l’organisme et avoir une incidence sur l’activité hormonale.
Bon à Savoir s’est donc demandé si les accessoires multimédias qui envahissent notre quotidien sont sûrs ou s’ils contiennent de tels composés. Nous avons donc envoyés quarante articles très vendus dans un laboratoire spécialisé. Il s’agissait de dix claviers, dix souris, dix étuis pour téléphones portables et dix écouteurs intra-auriculaires.
Résultat: 34 produits sont sûrs (télécharger la liste). Parmi ces bons élèves, on retrouve tous les étuis pour smartphones. Ni la housse bon marché achetée chez H&M à 4.90 fr. ni la version plus onéreuse d’Apple à 29.95 fr.
ne contiennent de polluants préoccupants. Cela démontre que même des accessoires peu chers peuvent être fabriqués sans huile de dilution.
Deux cas problématiques
De très petites quantités de phtalates ou HAP ont, en revanche, été décelées dans le casque Fusion Super Bass In-Ear de Vivanco, dans les souris Wireless Mini Mouse White de Rapoo et Comfort 4500 de Microsoft ainsi que dans le clavier USB Standard 2004 de HP. Les valeurs tolérées n’ont certes pas été dépassées, mais notre test montre qu’il est possible de se passer de ces polluants. Par conséquent, ces articles ont été jugés «peu satisfaisant».
Mais il y a plus grave. Deux accessoires se sont en effet avérés préoccupants. Il s’agit du casque InTone d’Ifrogz et de la souris Snappy MX-Mouse de Speedlink. Cette dernière contient 38,4 mg/kg de naphtalène qui fait partie des HAP. En Allemagne, une concentration maximale de 10 mg/kg est recommandée pour les articles avec lesquels une exposition peut durer plus de trente secondes. Et, dès décembre 2015, plus aucun produit contenant plus de 1 mg/kg de HAP ne pourra être vendu.
L’Office fédéral de la santé publique prévoit d’introduire la même restriction en Suisse. Car le naphtalène peut irriter la peau et les voies respiratoires, causer des nausées ou des maux de tête, mais il est aussi soupçonné d’être cancérigène. Pour l’heure, ce dernier effet n’a toutefois été constaté que sur des animaux exposés à des doses élevées.
Dans les écouteurs d’Ifrogz, une teneur de 2242 mg/kg de plastifiant DEHP a été mesurée. Ce composé chimique agit comme une hormone et peut mener à l’infertilité ou à des troubles du développement chez les enfants. Il n’y pas de limites concernant les phtalates présents dans les appareils électroniques. Les législations européenne et suisse stipulent uniquement que de telles substances doivent être indiquées lorsque leur concentration dépasse plus de 1000 mg/kg.
«Nous voulons éliminer ces polluants»
Hewlett-Packard (HP), Microsoft et Vivanco soulignent que les traces trouvées dans leurs produits sont clairement au-dessous des limites admises à l’heure actuelle. «Nous travaillons à l’élimination complète des polluants», écrit HP, alors que Microsoft déclare ne pas avoir trouvé de trace de HAP lors de ses propres tests.
Coop annonce, pour sa part, vouloir vérifier nos résultats avec son fournisseur de casques Ifrogz. L’entreprise Jöllenbeck, qui fabrique la souris Speedlink, estime qu’il est peu probable que la surface de la peau reçoive des quantités alarmantes de naphtalène. Elle ajoute que, dès décembre 2015, tous ses produits seront conformes aux nouvelles réglementations.
Pas chers et pas bons
Le magazine allemand c’t a cherché des substances identiques dans 28 accessoires électroniques bon marché. Dans ce genre d’appareils, les HAP sont généralement présentes. La moitié des articles a été classée comme «grave», alors que huit ne devraient théoriquement pas être autorisés à la vente. Deux d’entre eux, le casque intra-auriculaire SHS-8 de McVoice et le connecteur micro-USB de Delock, sont également vendus sur des sites d’e-commerce suisses.
Notre conseil: ne pas acheter des produits qui ont une mauvaise odeur, car ils pourraient contenir des HAP. Les phtalates et les paraffines chlorées sont cependant inodores.
Andreas Schidknecht / ld
En détail
Les substances toxiques dans le plastique
HAP: les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont produits par le raffinage du pétrole brut. Ils sont ajoutés aux matières synthétiques comme plastifiants. De nombreux HAP sont cancérigènes et mutagènes. Ils peuvent s’accumuler dans l’organisme après des contacts répétés soit par l’air, la nourriture ou encore la peau.
Phtalates: ces substances chimiques sont aussi connues comme plastifiants. On les trouve dans les matières plastiques, les revêtements de sol, mais aussi dans les peintures et les cosmétiques. Selon l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques, elles peuvent être absorbées par la peau et avoir un impact sur l’activité hormonale.
Paraffines chlorées: ces matériaux se retrouvent sous l’appellation PCC et peuvent également s’accumuler dans l’organisme. Ils sont soupçonnés d’être cancérigènes.