Aujourd’hui environ deux millions d’utilisateurs privés de Swisscom disposent d’un branchement analogique pour la téléphonie. Ce système de bonne qualité fonctionne sans problème. Pourtant, d’ici à la fin de 2017, Swisscom abandonnera cette technologie traditionnelle pour la téléphonie par internet («voice over internet protocol», dite VOIP ou IP). Cette migration ne sera pas sans conséquences pour les consommateurs, qui ne pourront pas y échapper à moins de changer d’opérateur. Le point sur une évolution, qui n’a sans doute pas fini de faire couler de l’encre.
1 - Peut-on s’opposer à un tel changement?
Aucune obligation pour les clients jusqu’à la fin de 2017. En revanche, dès cette date, Swisscom abandonnera définitivement l’ancien système, et ceux qui ne le souhaitent pas verront alors l’opérateur résilier leur contrat.
2 - Doit-on changer de téléphone?
Les téléphones actuels sont pour plupart compatibles avec la nouvelle technologie, à l’exception des appareils ISDN et ceux à numérotation par impulsion (avec cadran rotatif), qui devront être remplacés aux frais du consommateur. Ceux qui souhaitent disposer de plusieurs numéros et lignes le pourront, mais moyennant une adaptation de leur tarif (204 fr. par an, selon les informations actuelles).
3 - Quels services vont disparaître?
- Les alarmes téléphoniques avec un bracelet émetteur pour les personnes âgées. Les prestataires de ce service, dont la Croix-Rouge, devront s’adapter, avec une probable hausse des tarifs.
- Les équipements d’alarme dans les ascenseurs et les habitations qui fonctionnent avec un branchement analogique.
- Le blocage des branchements téléphoniques vers un autre opérateur.
- Certains services supplémentaires, comme l’affichage du tarif pendant et à la fin d’une communication.
Selon Caroline Sauser, porte-parole de l’Office fédéral de la communication (Ofcom), l’opérateur historique n’a aucune obligation légale de fournir ces services, et donc de trouver des solutions de remplacement. Elle reconnaît que la fin de la présélection automatique complique le changement d’opérateur.
4 - En cas de coupure de courant, sera-t-il toujours possible de téléphoner?
Non. La téléphonie digitale fonctionne avec un seul routeur relié en permanence au réseau électrique, ce qui induit une consommation d’environ 10 watts. En cas de coupure, il n’y aura pas d’autre solution que d’utiliser son portable.
5 - Les prises actuelles sont-elles compatibles?
Oui, mais uniquement si le logement est équipée d’une prise à système digital, comme c’est le cas dans les nouvelles constructions. Les éventuelles adaptations seront à la charge du propriétaire.
6 - Ceux qui ne souhaitent que téléphoner devront-ils avoir un abonnement internet?
La question n’est pas tranchée. Christian Neuhaus, porte-parole de Swisscom, indique que l’opérateur envisage d’introduire, dès 2015, une offre spécifique à la téléphonie IP.
7 - Le prix du branchement baissera-t-il?
Non. Swisscom maintiendra le prix de 303 fr. par an, soit 25.25 fr./mois. Caroline Sauser rappelle que seul le prix du raccordement analogique est ancré dans l’ordonnance sur les services de télécommunication (art. 16). La téléphonie digitale n’étant pas réglementée, Swisscom est libre d’imposer ses tarifs.
8 - Au final, quels sont les avantages de la nouvelle technologie?
On l’a compris, les avantages sont surtout en faveur de l’opérateur. Ce dernier verra ses frais diminuer, alors que la taxe de base restera inchangée pour les consommateurs. Par ailleurs, ceux-ci seront captifs, puisque le changement de fournisseur sera techniquement plus compliqué. Sans oublier, les contraintes pour les personnes âgées, le problème d’absence de réseau internet dans certaines régions, les situations de coupures de courant, etc.
Dès lors, les quelques avantages avancés par l’opérateur (qualité du son, déménagement simplifié, blocage de certains numéros, etc.) restent à confirmer dans la pratique.
Emilie Lehmann / mif