Pour avoir la moindre chance de trouver un écho, les résultats d’une recherche scientifique doivent évidemment être publiés. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on se presse au portillon, puisque, sur le plan mondial, on a dénombré pas moins de 11,5 millions de publications entre 2007 et 2011, soit trois fois plus (dans un même laps de temps) qu’au début des années 1980.
Une abondance difficile à gérer, mais aussi à digérer, tant pour les magazines spécialisés (Nature, Lancet, Science, etc.) que pour les médias en général. Car, forcément, avec une telle pléthore, il faut trier le bon grain de l’ivraie, et le travail le plus sérieux n’est pas nécessairement celui qui fera le plus facilement la «Une» de la presse grand public.
Prendre ses distances
Dans un récent article du Bulletin des médecins suisses («Quelle est la qualité de la recherche médicale?», 12/2015), les auteurs soulignent que le nombre de rétractations est en hausse. Et rappellent, à titre d’exemple, l’étude qui avait révélé un lien entre le vaccin combiné rougeole-oreillons-rubéole (ROR) et l’autisme. A la suite de sa publication dans Lancet, on avait enregistré une recrudescence des cas d’oreillons, parce que les parents ne faisaient plus vacciner leurs enfants. Or, deux ans plus tard, le magazine américain retirait l’étude pour méthodologie douteuse et fraude scientifique! Et il n’existe, aujourd’hui, aucune preuve scientifique attestant d’un lien entre le vaccin ROR et l’autisme.
Le même article regroupe les chiffres de plusieurs enquêtes qui poussent à prendre ses distances: 85% des études contiennent des questions non pertinentes pour le patient, 60% des résultats ne sont pas reproductibles et presque 50% des rapports ne sont pas publiés ou contiennent des informations lacunaires… Bref, on l’aura compris, les résultats d’une recherche scientifique ne doivent pas nécessairement être pris pour argent comptant.
Au-delà des idées reçues
C’est exactement dans cette optique que nous avons décidé de publier en français le livre «100 Medizin-Mythen», écrit par les rédacteurs du site autrichien medizin-transparent.at. Il analyse, en effet, 100 idées reçues sur la santé et le plus souvent fondées sur des études publiées ici et là. L’aspirine prémunit-elle contre le cancer? Est-il vraiment sain de boire un verre de rouge chaque jour? La consommation d’œufs augmente-t-elle les risques de maladies cardiovasculaires? L’échinacée agit-elle contre les maladies grippales?
Faisant fi de tous préjugés, les auteurs se fondent sur une synthèse la plus exhaustive possible des recherches menées sur chaque question, afin de donner une réponse médicalement étayée. Cela signifie qu’ils n’attestent des vertus d’un remède ou d’un traitement que si elles se sont révélées efficaces pour des patients réunis dans le cadre d’une ou de plusieurs recherches menées dans les règles de l’art. Ils examinent les résultats, puis indiquent si l’allégation en cause repose ou non sur un fondement scientifique. Puis, en guise de résumé, ils évaluent les preuves permettant d’appuyer chaque hypothèse et les classent dans quatre catégories: insuffisante, faible, moyenne ou forte. Un guide pratique de référence, qui sera présenté au Salon du livre et de la presse (lire ci-contre), à commander dès aujourd’hui à la page 36.
Christian Chevrolet