En 2015, 1004 assurés ont consommé pour plus de 100'000 fr. de médicaments chacun, soit un coût de 100 millions pour les caisses maladie. Quatre ans plus tôt, ils n’étaient que 324 patients à dépasser le seuil des 100'000 fr. C’est ce qu’il ressort d’une enquête que nous avons menée auprès de huit assureurs maladie.
Des traitements toujours plus chers
Cette forte augmentation s’explique par le prix prohibitif imposé par l’industrie pharmaceutique pour des médicaments qui s’adressent à très peu de patients. On pense aux traitements contre l’hépatite C, contre les maladies rares et contre certains cancers. Dans ce contexte, les thérapies combinées pèsent très lourd comme l’illustrent les exemples suivants.
> Cancer du sein: les patients reçoivent non plus deux, mais trois médicaments. Le coût s’élève à 9542 fr. par mois, soit une augmentation de 120% par rapport à avant.
> Cancer de la peau: la thérapie combinée prolonge la vie des personnes traitées d’environ quatre mois. Les deux préparations prescrites reviennent à 9947 fr. par mois, alors que le traitement précédent était 40% moins cher.
Selon Andreas Schiesser, de l’association des assureurs maladie Santésuisse, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) est complice de l’explosion des coûts. Il dénonce le fait que l’on additionne le prix individuel des médicaments pour établir celui des thérapies combinées. De son côté, l’OFSP rétorque qu’il contrôle les prix en les comparant à ceux des autres pays et en tenant compte de l’efficacité des préparations. Mais pour les thérapies combinées, l’OFSP estime que l’on ne peut pas se baser sur les «prix nettement inférieurs» qui sont pratiqués à l’étranger. «Sinon, ces traitements pourraient ne plus être proposés dans notre pays», avance-t-il.
Et si on fixait un plafond?
Comme «solution», l’association des entreprises pharmaceutiques suisses exige que des ristournes soient octroyées pour les préparations combinées. C’est ainsi que Roche rembourse 737 fr. aux caisses maladie pour le Perjeta (cancer du sein) dont le flacon coûte 3762 fr. Mais selon Andreas Keusch, ex-patron d’une entreprise pharmaceutique, on ne sait pas trop ce que les caisses font de cet argent. C’est pour cette raison qu’il estime qu’il faudrait fixer un coût maximal pour le traitement de chaque maladie: «Cela obligerait l’industrie à développer des préparations efficaces à des prix abordables.»
Eric Breitinger / yng