L’aluminium se retrouve un peu partout: dans les boîtes de conserve, les produits cosmétiques, les médicaments, les vaccins… Mais surtout, il est quasi omniprésent dans l’alimentation. Si la plupart des produits en contiennent moins de 5 mg/kg, des concentrations plus élevées (de 5 à 10 mg/kg) ont été observées dans divers aliments comme les préparations à cuire au four, les pains, les pâtisseries ou certains légumes (champignons, épinards, radis, etc.). Mais les denrées les plus touchées restent les feuilles de thé, les herbes, le cacao et les épices.
Additifs à la pelle
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) classe les denrées comme principale voie d’exposition à ce métal. Car, s’il est naturellement présent dans notre environnement, il est également utilisé en tant qu’additif (lire encadré). Dans certains cas, il assure la fluidité d’un produit (antiagglomérant), comme dans le glaçage rose Lillifee de Dr.Oetker (E555). Et dans d’autres, il est utilisé comme colorant. L’aluminium en tant que tel (E173) donne par exemple le ton gris aux perles argentées fondantes Dr. Oetker ou colore en jaune (E100) et en rouge vif (E120) certains bonbons Pointies Prix Garantie de Coop.
Toxicité potentielle
L’aluminium crée la polémique quant à sa toxicité. Car si, au moment d’être ingéré, une grande partie est filtrée par les reins et éliminée, une autre pénètre dans les os, dans les tissus, dans différents organes (foie, poumons et cerveau notamment) et même dans le placenta et le fœtus. Il s’accumule alors dans le corps et, sur le long terme, il est accusé d’entraîner des maux neurodégénératifs, comme la maladie d’Alzheimer. Mais ces hypothèses restent, pour l’heure, controversées. Difficile donc de savoir à quoi s’en tenir aujourd’hui. En attendant, certains gestes préventifs peuvent être adoptés pour limiter des risques potentiels*.
Bébés concernés
Compte tenu des dangers pour la santé qu’il est susceptible d’entraîner, l’EFSA a fixé en 2008 la dose hebdomadaire tolérable d’aluminium à 1 mg par kilo de poids corporel et par semaine, pour toute la population. Mais elle estime qu’elle est probablement dépassée par une grande partie des Européens. A son avis, les céréales, les légumes, les boissons et certaines préparations pour nourrissons participent grandement à cette exposition.
Le magazine français 60 millions de consommateurs titrait d’ailleurs récemment: «Trop d’alu dans les laits infantiles.» Plus de la moitié des produits testés en renfermait, avec une teneur moyenne de 153 microgrammes (μg) par litre. Un nourrisson de six mois qui boit quatre biberons de 210 ml par jour en ingère donc 897 μg chaque semaine (0,9 mg). Ainsi, pour un bébé de 8 kilos, les quantités relevées ici restent encore nettement au-dessous du maximum légal (soit dans ce cas 8 mg). Mais, selon ce magazine, des experts s’inquiètent de voir que la valeur limite de 1 mg est également appliquée aux enfants et aux nourrissons, alors qu’ils sont bien plus vulnérables que les adultes.
Marie Tschumi
*Bonus web:l'alu: limitons les risques!
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Comment les repérer
Nombreux sont les additifs qui contiennent de l’aluminium et sont autorisés en Suisse. Outre le métal en tant que tel (E173), il faut ajouter les sulfates (E520 à E523), le phosphate (E541), les silicates (E554 et E555) et le E1452 (Octényl succinate d’amidon d’aluminium). Sous ces formes, il sert notamment de conservateur, de fixateur de couleur ou d’antiagglomérant. Mais à cette liste s’ajoutent également pas moins de 19 colorants pouvant renfermer de l’aluminium (sous forme de laques):
E100, E102, E104, E110, E120, E122 – E124, E127, E129, E131 – E133, E141 et E142), 151, E155, E163 et E180.
Pour vous aider à les décrypter, rendez-vous sur www.bonasavoir.ch et son outil «Codes E». En entrant simplement le code à trois chiffres, vous découvrirez dans le détail les risques de ces additifs et les éventuelles contre-indications. La version pour smartphones est à télécharger sur l’App Store ou Google Play (4 fr.).